Sur un banc
J’ai oublié comment on y est arrivé, sur ce banc, j’ai même oublié depuis combien de temps on y est… Je n’ai conscience ni du froid qui mange mes jambes découvertes ni des regards curieux des passants. C’est vrai qu’on doit leur offrir un drôle de spectacle… Emmêlés comme nous le sommes, pour que personne ne puisse soupçonner où sont tes mains…
Ça par contre je le sais, où sont tes mains… J’en ai pleine conscience, on peut même dire que ça m’emplit tout entière ! Le cœur, la tête, le sexe, la bouche, tout mon corps n’est que gémissement et envie. Tu oses tout maintenant. Tu sais combien j’ai envie.
Envie…
J’ai tout le temps envie, dès que je te vois, dès que je te lis, dès que je t’entends, dès que je te respire… Mais quand nos lèvres se mêlent et s’emmêlent, cette envie est multipliée par vingt-six mille – je me demande encore comment s’est possible. Presqu’un an maintenant que je tourne et retourne tout ça dans ma tête, mais la réponse ne vient pas, c’est ainsi et c’est pour le mieux. C’est juste magique.
Magique…
comme tes doigts en moi, maintenant, cachés sous ton grand manteau. Je me sais rouge et attirante toute en plaisirs à peine dissimulés, c’est comme ça que tu me vois mais je me demande à quoi je ressemble pour les yeux d’un inconnu… Je m’en fiche, à vrai dire, je suis à toi, avec toi, et je t’aime. Toute offerte à tes doigts.
Tes doigts…
Ils apprennent à me connaître depuis le jour même de notre rencontre. Ils ont commencé, je me souviens, timides, par chercher mes mains… Ils se nouaient aux miens, ne les lâchaient qu’à regret… Ils avaient déjà des envies de caresses et ont très vite continué leur chemin… Ils ont rejoint tes yeux dans l’observation de mon visage, de mes lèvres, de mes joues. Je sais que je rougis encore quand tu me regardes aussi intensément. Tu me « mets » dans tes yeux, pour que plus tard, quand je serai loin, tu puisses revoir ces moments derrière tes paupières, un petit secret précieux que toi seul peut voir. Ensuite, très vite en fait (mais pas trop vite tout-de-même) tu as découvert mes seins… Juste avec les yeux pour commencer, tes doigts ne faisaient qu’effleurer, l’air de rien, l’échancrure d’une chemise pour y voir un peu mieux. Tu m’as demandé l’autorisation. Je souris. Tu jouais l’étonné. Peut-être l’étais-tu vraiment.
La première fois que tu as touché mes seins, nous étions dans ces jardins, sur un de ces bancs où tes doigts vont bien plus loin aujourd’hui… Je portais une jupe longue, un T-Shirt légèrement transparent et un gros pull pour cacher un peu… Je n’avais pas de soutien-gorge. Je me souviens, tu as glissé tes mains sous mon haut, elles ont remonté vers mes seins. Tes doigts étaient tout léger, tout en hésitation, en questionnements et en doutes. Tu en as fait des tours et des détours ce jour-là avant d’arriver là où tous les deux nous t’attendions… Je ris. C’est bien différent aujourd’hui. Meilleur bien sûr, mais ta naïveté m’a touchée. Ta prudence. Le respect que tu m’as montré. Tu en fais preuve à nouveau aujourd’hui, tes mains me connaissent, et elles savent trouver les chemins qui nous emmèneront tous les deux à nos petits – grands – plaisirs… mais jamais sans mon consentement. Tes doigts sont bien élevés. Et longs.
Tes doigts…
Mmm tes doigts… je ne saurais dire où chacun d’eux se trouve en ce moment-même, je sens mille et une caresses sur mon sexe alors que tu n’utilises qu’une seule main ! L’autre titille maintenant mes tétons durcis par l’envie… Je sais que ton index, le plus coquin, est aussi le plus bas, sur ce petit endroit qui sépare les deux chemins des plaisirs, il double le majeur, occupé ailleurs… Je sais ce que tu veux, et tu sais que je ne le refuse jamais – mais on est sur un banc public tout de même ! Tu me caresses, me presses, me fouilles, me tords, me pénètres, me remplis, tu me combles de tes doigts et de ton amour. Ils m’occupent toute entière tant ils sont bien placés… je sens ton corps contre le mien, ton désir, tes lèvres dans mon cou, contre mes oreilles, ton souffle chargé de l’envie et du plaisir de chercher le mien.
Je me tords pour t’embrasser, le baiser est ardent, presque violent dans sa lenteur infinie, nos langues qui se mêlent, nos dents qui s’entrechoquent pendant que mes mains se frayent un passage vers ton désir que je sais dressé contre ma cuisse. Je ne t’oublie pas, jamais, notre plaisir se prend à deux. Tu m’as laissé le temps de le comprendre. Jamais tu n’as accepté que je te soulage, seul, pendant que je restais sur ma faim. J’ai été plus circonspecte. Mais tu avoueras bien qu’aujourd’hui, te faire venir sur un banc public n’est pas une chose aisée. Tu ne le demandes pas. C’est aussi quelque-chose que j’aime en toi, cette patience, ce dévouement jusqu’à l’oubli de soi. Tu es un garçon spécial, tu sais ?
Ma main reste là, posée presque sagement, comme nous dans ce parc, elle profite de la bosse attirante, sur ton pantalon, pendant que tu interrompts le baiser pour reprendre ton souffle et – je le soupçonne – m’aider un peu à accéder à tes chairs secrètes. Très vite, j’enserre ton vît, ta bite, je sens sa douceur, et j’ai tout de suite envie de la prendre dans ma bouche, m’agenouiller dans les graviers, ouvrir ton pantalon devant tout le monde et te gober en me cambrant comme une fille de joie, rien que pour tes yeux toujours voyeurs
Mais mes mains devront suffire pour cette fois. Je me redresse un peu, je me place mieux, j’avance un peu mes fesses pour avoir plus de place pour te branler correctement. Tu en profites pour descendre un peu plus ton index coquin, je le sens maintenant à l’entrée de mon petit trou, mouillé, lubrifié de toute la mouille que j’ai produite depuis ton baiser sur le quai de la gare. Je fonds toujours plus que de raison pour toi…
Je veux plus encore. Je bascule le bassin pour te faire comprendre que la voie est libre, que tu peux y aller, que j’ai envie. Je me mords les lèvres, focus sur ce doigt qui promet mille plaisirs. Mais je n’oublie pas ta vigueur entre mes doigts, tu bats doucement sous mon pouce gourmand que je presse dans ce que j’espère être une divine torture pour tes sens.
Je tourne autour de ton gland, je dessine la forme boursouflée de la bague sensible, en insistant bien sur le nœud, juste dessous, là où c’est le meilleur pour toi…je ne te lâcherai pas tant que tu n’auras pas exprimé ta frustration que je n’en fasse pas plus…
Je sens ton souffle dans mon cou, qui accélère et ralentit, irrégulier, tu te bats contre la montée trop vive de ton plaisir, tu ne peux pas venir ici, sur un banc…voilà où j’aime te mener. Ça m’excite tellement !
Je relâche un peu la pression, ta deuxième main a rejoint la première sur ma chatte, sur mon cul, tu as enfoui tes doigts, tu les enfonces, tu m’emplis tout entière, je ne respire presque plus, je ne peux pas risquer de crier la joie qui me vrille les reins, le coeur. Je me mords lèvres très fort – tant pis pour le rouge léger que nous avons presque mangé entièrement de toute façon – et je sens tout mon corps se contracter, l’orgasme vient, tu le sais, tu le voulais, c’est ce qui te fais vibrer, grossir, enfler dans ma paume tordue contre ton ventre… Tu me serres plus fort entre tes bras, tu fais aller tes doigts plus vite et plus loin. Je sais que tu veux que mon plaisir soit plus grand et plus fort à chaque fois… Je me cambre pour mieux sentir ton index bien planté entre mes fesses et ton majeur dans mon con ruisselant. De l’autre main tu presses mon petit bouton de chair rose que tu aimes tant lécher, tu le tords et le caresses, tu l’irrites et l’écrases, je serre les dents pour ne pas gémir… Mais le plaisir devient trop grand, je me perds, il ne reste plus que le plaisir, omniprésent, puissant, je suis une corde de contrebasse qui vibre et craque et saute soudainement. Ce n’est pas juste un orgasme, c’est bien plus que ça, c’est de l’amour, juste, et pur, et simple.
De l’amour tout nu.
L’amour que tu m’offres ainsi, à chaque fois que l’on se voit, à chaque fois que tu me touches, m’embrasses ou me prends dans tes bras, je le sens, là, à ce moment-là, vingt-six mille fois.
Ta queue bat toujours entre mes doigts. Une goutte coule sur mon index. Juste une. Je souris.
Tu sais… j’ai l’impression de faire l’amour avec toi, dans ces moments-là. Même s’il pourrait y avoir plus. Même si tu n’es pas venu en moi, que tu ne m’as pas prise. Même si c’est inconfortable, dans le froid et la bruine et que nous avons dû cacher nos émotions aux gens qui passent.
Je t’embrasse. Je te masturbe encore.
Tu sais quoi ?
J’aimerais un peu plus qu’une seule goutte…