La Pension de Mary,  La Plume de Florean

La Pension de Mary – Chapitre 02

Le savon

L’ombre de cette fleur vermeille
Et celle de ces joncs pendants
Paraissent être là-dedans
Les songes de l’eau qui sommeille.

Tristan L’Hermite, Promenoir des deux amants

J’introduis mon pied dans l’eau très lentement, j’aime les bains brûlants, pour me réveiller.
J’ai une peau très blanche, aux reflets rosés dès qu’il y a un peu de soleil, comme ce matin. Dans l’eau trop chaude, elle rougit très vite. Le second pied… je me baisse… le plus dur, c’est de s’asseoir, la chaleur cuit mes cuisses, passe mes hanches, englobe mon ventre plat, mon abricot blond coupé ras. Je m’allonge doucement. L’eau monte sur mes seins, qui pointent et se dressent, saisis, les mamelons durcissent, comme pour protester. L’eau mousseuse m’avale, me détend.
La nuit a été courte, mais le souvenir de mon escapade me ravigote, l’adrénaline coule encore dans mes veines, me porte, je suis sur un nuage, j’ai de la chance de pouvoir vivre ces moments. Je n’ai pas le temps pour une relation stable, et comment imaginer… comment imaginer ne me réserver qu’à un seul homme, alors qu’il y a tant d’expériences à partager… alors qu’ils ont chacun leur goût, chacun leur odeur, chacun leur virilité ?

– Anita ?
Ma bonne Anita, qui fut ma nourrice, ma confidente et qui est, accessoirement, mon employée, passe la tête à travers la porte.

– Peux-tu me laver ?
Elle penche la tête de côté, l’air hésitant. Il n’y a beaucoup de travail ce matin. Trois chambres à faire, ça ne devrait pas être trop long. Mais j’ajoute tout-de-même :

– Je t’aiderai pour les chambres.
Cela la décide. Elle entre dans la salle-de-bains.

– Bien mademoiselle.
Anita dénoue son tablier, et déboutonne son uniforme noir d’hôtesse de la pension. A la mort de mes parents, il y a trois ans, lorsque j’ai hérité du Mont-de-Vénus, tous les employés sont partis, après avoir pris leurs gages. Une gamine de 19 ans n’allait pas pouvoir faire tourner la pension seule, il faut faire des études pour conduire un hôtel, même modeste. Anita est restée. Elle m’a soutenue, s’est battue pour me convaincre de garder cette vieille maison de pierres blanches, de la faire vivre et de prendre en mains ma vie, mon héritage. Cela nous a rapprochées. J’ai décidé de me battre. Sa force est devenue la mienne.
Elle s’agenouille près de la baignoire. Ses cheveux longs et raides trempent dans l’eau un instant avant qu’elle ne les attache en une tresse rapide, les deux mains derrière la tête. Ses seins massifs sont posés sur le rebord, ils bondissent paresseusement à mesure que la coiffure avance. Anita sent le muguet et la fleur d’oranger. Je détourne le regard, confuse. Je suis encore sous le charme de ma nuit, il faut que je me calme.

– Je ne vois pas le savon, mademoiselle.
Je le cherche du regard.

– Il a dû… glisser dans l’eau… attends.
Je le cherche des mains, ce qui fait remonter mes le haut de me seins au-dessus de la mousse. Anita jette des œillades gourmandes vers les mamelons rosés qui pointent lorsque je respire un peu fort. Je me soulève encore pour chercher derrière mon dos, mais ne le trouve pas.

– Laissez-moi faire.
Anita plonge son bras dans l’eau brûlante sans sourciller. La tresse tombe sur le côté de sa tête, les cheveux effleurent ma poitrine, c’est agréable. La main d’Anita cherche à son tour, touche mes mollets, l’air de rien, remonte le long de mes cuisses, mais ne trouve rien.

– Levez les fesses, mademoiselle, il doit être dessous.
Je renifle en calant mes bras sous moi, je m’arc-boute, révélant mes seins au grand jour, deux orbes parfaits, deux miches blondes façonnées par le meilleur des boulangers. Elle écarquille les yeux en semblant oublier un instant ce que son bras fait dans l’eau, elle me caresse les fesses sans y penser.

– Anita, tu t’égares.

– Pardon, Mademoiselle Mary.
Elle reprend son exploration, ses doigts grimpent le long de mes hanches vers mon ventre, et plongent au creux de mes cuisses entrouvertes.
Ce qu’ils trouvent n’est pas une savonnette, bien que ça en ait la douceur et la forme.

– Anita !
Mon ton est à la fois outré et ravi.
Son majeur fouille déjà l’emballage de mon petit savon suintant, je m’ouvre, elle déniche la perle de bain moelleuse qui darde à son contact mais ne s’y arrête pas longtemps, elle veut davantage, le doigt coquin se fraye un chemin au milieu de moi, j’écarte les jambes par réflexe, l’eau chaude m’a détendue, je suis prête à tous les outrages. Je proteste encore, faiblement.

– Anita…
Elle semble reprendre le contrôle d’elle-même, et retire sa main lentement. Heureusement, je ne luttais déjà plus.

– Pardon, Mademoiselle…
Je la détaille, admirative. Tout est joliment dodu en elle, ses mamelles – le mot n’est pas trop fort – sont bombées et plantureuses sous un soutien-gorge aux bonnets trop étroits, son fessier est charnu à souhait, et sa culotte abrite une forêt noire touffue et dense, au creux de laquelle se cache une truffe rose-foncé, qui a, pour moi, le charme de l’interdit. Je l’ai vue se la laver, une fois, dans cette même baignoire – le spectacle m’avait hypnotisée. Mais c’est bien la première fois qu’elle dérape ainsi.
Je salive. Elle tourne son visage vers moi. Je lui souris en coin.

– Ce n’est rien… il faudra que nous reprenions ce petit jeu, je suis très curieuse, soudain…
Je lui tends mes lèvres, elle y pose un baiser chaste et me caresse le visage tendrement.

– Comme Mademoiselle voudra.

– Il faut vraiment que je me lave. Les clients vont descendre.
Elle se lève, fouille sous le lavabo et en tire une savonnette neuve – ce n’est pas ce qui manque dans un hôtel tel que le mien.
Je lui souris encore quand elle s’agenouille à nouveau près de moi, le regard brillant.
Elle me lave méthodiquement sans me quitter des yeux.
Je laisse ses mains courir sur mon corps, le découvrir, sans plus protester.
Il me faut bien avouer qu’Anita se réfrène.
Ce que je ne peux m’empêcher de regretter un petit peu.


L’homme aux yeux tristes est reparti ce matin.
Il n’avait pas fait allusion à notre danse nocturne, même si son regard avait traîné sur mes seins plus longtemps que nécessaire.
Avant de partir, je lui avais dit ma petite phrase.

– Dommage que vous partiez… j’oublie parfois de fermer la porte de ma chambre le soir… quand j’y dors.
Il avait souri.

– Dommage en effet. Je recommanderai votre Mont-de-Vénus à mes amis. Si vous faites ma chambre, veillez à bien secouer les oreillers.
Les clients me laissent parfois des petits cadeaux avant de partir. J’avais hoché la tête.

– Je n’y manquerai pas.
Un dernier sourire, il avait réglé et était parti.

***

La chambre est plutôt rangée, le ménage sera vite fait, un coup d’aspirateur, changer le linge de lit, les serviettes dans la salle-de-bains, les savonnettes, nettoyer la robinetterie et les toilettes, rien de plus.
Je soulève l’oreiller du lit où il a dormi cette nuit.
Ma culotte se trouve là, toute chiffonnée. Je suis déçue, je pensais qu’il l’emporterait avec lui.
Je la prends en soupirant.
Elle est toute humide.
Je l’étends entre mes doigts et découvre l’amas de sperme coagulé qui tache la moitié du tissu fin…
Je devine qu’il a dû penser à moi en se soulageant ainsi.
La culotte est souillée à souhait.
Sur une impulsion, j’ôte celle que je porte sous ma tenue stricte et je passe celle-ci.
C’est dégueu, c’est froid, ça gratte un peu, ça colle.
J’adore.

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