Alysha,  La Plume de Florean,  Le Mariage

Le mariage d’Alysha – Chapitre 04

4. Denis

Je suis nerveux. Je me tourne et retourne dans mon lit. Je peux voir la forme de mon costume de marié dans l’obscurité. La cérémonie est pour demain.
Elle va revoir Bléry.
Et c’est moi qui en suis responsable.
Je me demande si je n’ai pas fait une énorme connerie.
Ils vont se revoir.
J’ai envie et pas envie, j’ai hâte et j’ai peur.
Non.
Je suis terrifié.
Je veux qu’Alysha soit heureuse, mais je ne peux pas m’empêcher de ressentir cette jalousie d’anticipation, ça me bouffe les entrailles.
Merde.
J’espère en secret qu’elle le repoussera. Qu’elle me sera fidèle.
Mais si ce n’est pas le cas…
Je sors silencieusement du lit sans réveiller ma belle et attrape mon portable au passage.
Je descends les escaliers et m’enferme dans les toilettes. Je plisse les yeux, ébloui par la lumière et par la luminosité du téléphone.
J’envoie un sms à Bléry.

« Faites ce que vous voulez avec elle, je ne veux juste pas savoir. »

Voilà.
Comme ça, au moins, il me laissera à l’écart et je pourrai feindre d’ignorer qu’il la baise.
S’il la baise.
Je vais me recoucher, coeur battant.
Le sommeil est long à venir.
Parce que c’est faux.
Je veux savoir.
Et je vais tout faire pour.
 

***

Alysha est rayonnante et bluffante dans sa robe de mariée. Sa poitrine est mise en valeur par la dentelle fine, presque transparente, ses dessous apparaissent et disparaissent, affriolants.
Sa peau couleur de sable est maquillée discrètement, ses cheveux d’or forment une aura autour de sa tête, sous le voile relevé.
Juste magnifique.
Au bras de son père, elle grimpe les marches de la mairie et me rejoint.
Je ne peux m’empêcher de lui sourire malgré la sueur froide qui me coule dans le dos. Je m’attends à voir Bléry à tout moment.
Elle me regarde, radieuse.
– Tu es superbe.
Je l’embrasse légèrement.
– Toi aussi.
Je ris.
– On y va ?
Elle me prend la main, les invités nous suivent.
Bléry n’est nulle-part en vue.
 

***

Alysha et moi sortons de la mairie sous des jets de riz dans le soleil matinal, elle rit à gorge déployée lorsque les grains blancs glissent dans son décolleté généreux.
On s’embrasse sous les flashes des photographes du dimanche, nos amis, notre famille.
Je ne peux m’empêcher de scanner la foule de visages réjouis. Il y a Cathy, notre étudiante filiforme à lunettes, Manu et Elsa, d’autres visages familiers…
… mais Victor Bléry n’était toujours pas là.
Alysha m’embrasse fougueusement.
– À l’église, mon mari.
Je hoche la tête en souriant.
– Ma femme !
J’ai du mal à réaliser que nous sommes mariés.
 

***

Nous passons dans les travées, les sourires amicaux flashent autour de nous, le prêtre nous a unis même si nous n’avons pas eu un comportement vraiment catholique cette année.
Pendant qu’il lisait ses textes sacrés, je m’imaginais aller me confesser à lui.
L’image d’Alysha m’accompagnant s’est vite imposée à mon esprit. D’abord avec moi dans le confessionnal.
Puis avec le prêtre.
Je suis désespérant.
Nous nous sommes dit oui.
Nous avançons sur le parvis, pour la traditionnelle photo de mariage.
Une main me frappe l’épaule amicalement.
Je regarde Alysha qui se décompose avant de me tourner.
– Félicitations, mon vieux !
Bléry et sa fille sont là.
Elle me sourit timidement. L’air de savoir. De savourer.
Je connais ces yeux.
Je sais ce qu’elle a en tête.
Je n’avais pas pensé à ça.

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