La Pension de Mary,  La Plume de Florean

La Pension de Mary – Chapitre 10

La dernière tentation

Dépêchons-nous de succomber à la tentation avant qu’’elle s’’éloigne.

Épicure


 Anita me savonne le dos et me rince. Nous avons dormi ensemble. Elle m’’a lavée, câlinée, mais je la trouve étrangement silencieuse ce matin.
Et calme.
– Tout va bien, Anita ?
Elle sourit.
– Je pense à monsieur Werner.
Mon cœoeur bondit de joie, se serre de tristesse et de peur, je ne sais quel sentiment prévaut.
– Et… ?
Elle hausse les épaules.
– Vous savez ce que vous devez faire, mademoiselle Mary. Filez. Je m’occuperai de la réception pendant votre absence.
Je l’embrasse – sa bouche est sucrée, douce – et sors de la baignoire.
Il est temps de dire mes sentiments à Werner.


Je rentre bredouille. Werner n’était pas là. « Parti relever ses filets » selon l’un des employés de sa ferme. À marée basse ? Je n’en crois rien. Il se cache. Il se terre. Il ne veut plus avoir affaire à moi.
Très bien.
S’il ne veut plus me voir, je ne l’importunerai plus.


Mon coeœur se serre. Je ne sais pas à quel moment les choses ont tourné au vinaigre. Sans doute quand j’ai menti. Quand je ne lui ai pas avoué que je l’aimais par peur que ça ne fonctionne pas.
Quelle ironie.


Je pousse la lourde porte du Mont-de-Vénus. Anita est à la réception, son visage s’éclaire un instant, avant qu’elle ne réalise ma tristesse.
  – Oh… Mademoiselle…
Je retiens mes larmes.
– Ce n’est rien, Anita. Des clients ?
Elle fait mine de consulter le registre pour me laisser le temps de ravaler mon chagrin.
– Trois nouvelles chambres se sont louées pendant votre absence. Deux couples de seniors assez âgés et un monsieur qui souhaite ne pas être dérangé. Consigne ferme.
Elle a une note sucrée dans la voix. Je hoche la tête sans conviction. Habituellement, c’est le genre de client que justement j’aime déranger… je n’ai pas le cœoeur à ça.
Elle sourit. Elle est belle. Ses seins tendent le tissu de l’uniforme d’une manière scandaleuse.
– Nous sommes remplis aux trois-quarts, nous avons une belle saison, mademoiselle, les deux couples de ce matin comptent rester pour la semaine. Avec les réservations, nous devrions afficher complet ce week-end.
J’essaye de sourire. Nous avons travaillé dur pour faire vivre la pension. Je note qu’elle ne m’a pas parlé du dernier client. Elle doit craindre d’’insister dessus, vu mon état. Je soupire silencieusement et demande d’’une voix légère :
– Et l’homme dont tu m’as parlé ?
Elle pouffe.
– Oh, mademoiselle… Il est grand et brun, le regard profond, il a de grandes mains robustes qui donnent envie… il n’’est pas tout jeune mais……
Je l’interromps en levant un doigt faussement sévère.
– Anita, je veux juste savoir combien de temps il reste.
Elle cache mal sa déception.
– Je croyais… hem.. …bien sûr, mademoiselle. Il ne reste pas. Il a juste réservé pour cette nuit. Et il ne veut pas être dérangé.
Elle a l’air si mutin que je ne peux m’empêcher de sourire en coin en répétant:
– Et il ne veut pas être dérangé.
Elle mouille son index sur le bout de sa langue et me le pose doucement sur les lèvres.
– Exactement.
J’embrasse son doigt.
– Soulève tes jupons.
Elle glousse en obéissant. Elle n’a pas remis de culotte. Elle me montre sa forêt noire, puis son fessier charnu et bien rempli.
Elle se retourne, je lui souris, sincèrement reconnaissante.
– Merci, Anita.
Le poids sur mon cœoeur s’est un peu allégé.
Elle baisse sa jupe en répondant.
– Après avoir dérangé le monsieur, venez dans ma chambre. Je vous nettoierai. Si je dors, réveillez-moi… je suis toujours prête pour vous……
Elle s’humecte les lèvres et me montre un petit bout de langue, un air de douceur infinie dans les yeux. Je rougis un peu, mais je hoche la tête. L’idée de sa langue entre mes cuisses me donne chaud au ventre.
– Alors je te dérangerai certainement.
Elle sourit en se mordillant un coin de la lèvre inférieure.
– Cochonne qui s’’en dédit. Je vous laisse à la réception, je suis affreusement en retard pour les chambres.
– Va.
Elle s’éloigne en chantonnant joyeusement.
Je me sens mieux. Je ne suis pas seule. Werner est parti, mais Anita est là. Et les clients du Mont-de-Vénus aussi. Je peux noyer mon chagrin comme je l’ai toujours fait.


 C’est drôle.
J’ai le coeœur qui bat la chamade.
Comme la première fois que j’ai visité un client sans qu’il n’y consente.
Je m’en souviens bien, c’était un homme très grand, il était entré dans la pension en criant après sa femme au téléphone. Sa voix était ferme et brutale, mais ses yeux trahissaient le désespoir et le déchirement qu’il ressentait. La séparation se passait mal apparemment.
Le soir, en passant devant sa porte, j’ai eu cette drôle d’idée de le réconforter. Un homme pense mieux avec les bourses vides. Il canalise mieux sa colère. Il oublie un moment son chagrin. La mort de mes parents était encore récente, une brûlure ocre sur mon cœoeur, dans mes os. J’avais sans doute autant besoin que lui de réconfort.
J’étais entrée, cœoeur battant.
J’avais alors réalisé que les attributs masculins fonctionnaient de manière très satisfaisante même lorsque leur propriétaire se trouvait dans les bras de Morphée.
Et que je préférais ces beaux-au-bois-dormant que les quelques partenaires bien éveillés avec lesquels j’avais découvert les joies du sexe.
Pas de paroles inutiles.
Pas de fausses promesses.
Pas d’’extase artificielle, juste la recherche de l’orgasme de mon amant endormi.
J’avais volé mon plaisir, cette nuit-là.
Et les nuits suivantes.
Je respire profondément. Je suis fragile émotionnellement. Je voudrais pleurer. Je préfère essayer de jouir. Je pose la main sur la poignée de la porte et introduis mon passe dans la serrure.
La bretelle de ma nuisette tombe de mon épaule.


J’avance lentement dans la pièce obscure. Il n’y a pas un rai de lumière, pas un reflet. Je compte les pas jusqu’au lit.
Le silence de la pension est total, ce soir. Une nuit sans vent. Sans ressac. Les arbres qui entourent la propriété sont immobiles, endormis.
Il fait bon.
Le lit est là, je reconnais le parfum frais des draps changés ce matin. L’’ambiance de la pièce est si familière. Je sens la tristesse refluer. Je suis en terre connue. Mon corps réclame déjà son dû.
Je m’agenouille.
Mes mains courent sur le matelas. 
Il dort sur le ventre.
Je grimace dans le noir.
C’est toujours plus compliqué. Amener un homme endormi à se retourner n’’est point chose aisée. Mais je sais m’’y prendre. Le défi me fait frissonner d’’anticipation. J’’ai toujours ma nuisette sur moi, pourtant.
Je commence mon exploration.
Les mollets sont poilus et fermes.
Fins.
Secs.
Un sportif, ou quelqu’’un qui bouge, qui marche beaucoup.
Ça me plaît.
Je souris, les yeux fermés.
Je remonte du bout des doigts en effleurant à peine la peau rugueuse. L’un de ses genoux est replié, ses jambes sont légèrement écartées. Mon sourire s’’élargit. J’ai accès à ses bourses, par derrière. Je les flatte et les soupèse précautionneusement à travers le tissu de son caleçon. Elles sont rondes et un peu molles, elles se raffermissent à mon contact. Ces attributs masculins m’’ont toujours intriguée, c’’est poilu sans l’’être, ça pendouille ou c’’est un petit paquet nerveux, leur douceur est toujours difficile à définir, on les sent sans les sentir vraiment… une curiosité pour moi, les bourses m’’attirent et me repoussent à la fois. Mais là, j’’apprécie, sans savoir réellement pourquoi.
Je passe la main sous le tissu lâche. Ma main est fine. J’’ai la place nécessaire. Je fais courir ma paume jusqu’à la base du pénis et l’’enserre entre deux doigts que je remue très lentement. Le sexe est écrasé sous le corps endormi, mais je le sens réagir positivement à mes attentions câlines. Il est épais et raisonnablement long, il lutte contre mon pouce et mon index, je souris en glissant ma main entière contre le dragon qui s’’éveille et en constatant les trépidations bienvenues que la peau suave déclenche dans mon bas-ventre
Je baisse le haut de ma nuisette d’une main, mes seins se dressent dans la nuit calme, impatients. Je relève doucement le T-shirt de mon amant endormi et appose ma poitrine sur le dos nu et musclé. La tension s’échappe de mon cœoeur. Le chagrin s’’est évanoui. Mon prince charmant involontaire sent l’’homme, la sueur, le sel. Ces fragrances m’’affolent plus que je ne saurais l’’avouer.
Je me retiens de le respirer de plus près. Je risque de l’’éveiller. De briser la magie de cet instant.
Les pointes roses de mes seins durcissent au contact du dos frais et ferme. La queue entre mes doigts se raffermit d’avantage. Elle ronronne. Un mouvement inconscient de mon coquin assoupi me donne un accès plus facile à l’’objet de mes désirs. Je souris en libérant le dragon de feu jusqu’’au gland, large et rond sous ma paume attentive, j’’en trace les contours, m’’imprègne de ses formes, je me régale de sa vigueur farouche, je joue de sa sensibilité et souris de le sentir battre à  chacune de mes caresses délicates.
Il faut que mon inconnu se retourne. Je décolle mes seins de son dos à regrets, et masturbe lentement le sexe en le tordant légèrement vers le haut, à vingt ou vingt-cinq degrés, par petits à-coups discrets, pour que naturellement…… l’’inconnu se retourne dans un soupir satisfait. J’’ai tout juste le temps d’’ôter ma main du caleçon bien rempli. Le lit ne grince pas. Je ne respire plus, guettant les signes d’’éveil. Je glisse mes doigts sous l’’étoffe de ma nuisette et les plonge sans attendre dans mon désir humide. Ma culotte est suffisamment lâche pour ne pas entraver leur exploration. Je ferme les yeux sous l’’effet combiné du soulagement intense et de l’’excitation pure qui exalte mes sens, une colonne d’’or en fusion qui explose dans mes reins, et plus bas, au creux-même de mes rêves nocturnes. Le rythme de mon majeur me berce délicieusement. Je chuchote ma reconnaissance. L’’homme dort toujours. Je devine sa queue encore tendue à quelques centimètres de ma bouche. Je la cherche sans hâte de mon autre main. Je suis juste à la bonne hauteur. L’’ouverture du caleçon est large, béante, mes doigts y disparaissent et en tirent précautionneusement le dragon athlétique, qui s’’érige bientôt dans la nuit, fier, impatient.
Je le flatte du bout de la langue, le respire en l’’effleurant du nez… son parfum épicé est musqué, puissant, il sature mes sens, il sent l’’homme, je salive à l’’idée de le goûter, je veux le déguster, n’’en faire qu’’une bouchée, je le veux pour moi seule. Je lutte contre le vertige de l’’envie irraisonnée, tout juste, j’ai la tête qui tourne, des étoiles plein les yeux, ces effluves masculines me font l’’effet d’’une drogue, elles résonnent dans mon corps, des mes os, dans mon coeœur. Ma respiration devient lourde, immaîtrisée, je m’’aperçois trop tard que le sexe entier est dans ma bouche, que je le pousse au fond de ma gorge, déjà. Il tressaille. Je m’’arrête en me maudissant intérieurement.
Qu’’est-ce qui me prend !?
C’’est son odeur. Elle me parle. Me prend les tripes.
Je respire par le nez, la queue dans la bouche. J’’aime tout en cet inconnu. J’’ai mal au ventre. Je voudrais déjà le sentir en moi.
Le membre tambourine violemment contre ma langue. Je grimace en priant pour qu’’il ne vienne pas, pas maintenant, pas si vite, pas déjà !
Il gonfle, pousse contre mon palais, m’’étouffe presque, je n’’ose pas bouger, je compte les secondes et les battements de mon cœoeur. Mes doigts s’’enfoncent toujours lentement dans mon bonheur mouillé, le contact est doux, mais insuffisant à apaiser ma faim dévorante.
– Mpf ?
Je déglutis difficilement. Je ne bouge pas. S’’il se réveillait maintenant, je crois que j’’en pleurerais de frustration.
Il soupire profondément.
J’’ai envie de tousser. Je lutte contre ma gorge qui me démange. Sa respiration redevient normale, régulière. Je remonte lentement, libère totalement le sexe et cache ma bouche dans mes deux mains pour tousser discrètement. Des larmes me montent aux yeux. Je reprends mon souffle. Il s’’en est fallu de peu.
Coeœur battant, je reprends la queue généreuse entre mes doigts et la masturbe sans hâte. Je me penche et la goûte à nouveau, en prenant garde cette fois de maîtriser mes gestes, de ne pas me perdre dans mon envie.
Le gland est ovale, oblong, ma langue épouse ses formes naturellement, il se love dans ma bouche comme s’’il était fait tout spécialement pour elle, pour moi seule. Ses saveurs émerveillent mes papilles, j’’aspire ma salive qui prend un goût d’’épices prononcé et très salé, mon nez se repaît du léger fumet de transpiration virile qui se dégage des poils fournis du pubis encore dissimulé sous le caleçon, ça pique, ça émoustille, c’’est tout ce que j’’aime, tout ce que je n’’ai jamais eu……
Mon besoin se fait pressant. Je suce plus avant mais sans perdre pied totalement, cette fois. Il ne réagit pas, ne bouge pas, seul le sexe tendu sous ma langue est éveillé, son contact chaud et dru déclenche une exultation rare chez moi. J’’ai l’impression d’’avoir l’’esprit clair pour la première fois depuis des jours.
Son sexe seul ne peut pas me satisfaire. Je me redresse lentement, les seins à l’’air, ma nuisette autour du ventre qui menace de tomber complètement à mes pieds. Je garde la queue entre mes doigts …– j’’ai presque mal à l’’idée de rompre le contact –… et j’’embrasse le pubis, le ventre couvert du T-shirt toujours en place, les abdos bien fermes, je continue de monter vers la poitrine, les pectoraux secs, bien dessinés, le cou… Il a les cheveux fins, assez longs, il sent… …
…… il me rappelle… je ne sais pas…
…… l’’air iodé…
…… le soleil…
…… la nature l’été…
Je garde les yeux fermés pendant que je le hume, j’’effleure ses lèvres des miennes, son parfum naturel m’’émeut aux larmes, je serre son sexe entre mes doigts et le remercie en caresses lentes… …
Je voudrais allumer la lumière.
Je voudrais le voir.
Mais ça briserait le charme, évidemment.
Je me love contre son cou et chuchote de manière presque inaudible.
– Merci…
Il ne réagit pas.
Je ne sais pas pourquoi je le remercie.
Je ne peux plus tenir.
Je me relève complètement, en tenant toujours le gland boursouflé par le bout des doigts.
Je laisse glisser ma nuisette au sol.
Ma culotte de coton blanc.
Je le veux en moi.
Je grimpe sur le lit et enjambe le sexe dressé. Malgré le vertige urgent qui me crie de le chevaucher sans attendre, je prends le temps de câliner la bête, de lui faire parcourir ma fente trempée et glabre avant de répondre au plaisir qui menace de me terrasser et de le guider au creux de moi, par-delà mes lèvres roses, au cœoeur de ma convoitise.
Je m’’ouvre sur son passage, il s’’enfonce en moi, mon sexe est une motte de beurre fondu, nous nous accordons parfaitement.
J’’ai le souffle coupé.
Il s’’éveille sous moi.
Je perds pied.

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