La Pension de Mary,  La Plume de Florean

La Pension de Mary – Chapitre 09

Visite nocturne

Il pleure dans mon cœoeur
Comme il pleut sur la ville.
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon coeœur ?

Paul Verlaine, Romances sans paroles.

La porte s’ouvre sans bruit.
MA porte.
Je ne trouvais pas le sommeil, je ne dors pas.
Un visiteur du soir ?
Mon coeœur s’affole. Ça arrive parfois. Rarement. En général, c’est un client de passage qui vient me… remercier… après que je l’aie visité.
Mais là, ça fait plusieurs nuits que je reste sage. La perte de Werner m’a trop affectée. Il n’a pas rappelé. N’est pas revenu.
J’hésite à allumer la lumière. À faire partir le coquin.
Mais non. Je sais combien c’est frustrant. Je préfère le laisser faire. Et puis… un câlin me fera du bien. Je suis si triste… peut-être est-ce que ça m’aidera à m’endormir ?
Il approche. Je garde les yeux fermés. Je respire profondément, lentement, comme endormie.
Un frottement d’étoffe sur un corps. Il se déshabille, il s’offre nu. C’est ce que je fais aussi. Je souris intérieurement.
Sa main m’effleure le visage, écarte une mèche de cheveu, passe sur ma joue, sur mes lèvres. Il a les mains douces et délicates – parfumées, des tons de musc, de vanille, ce parfum m’est familier, certainement un homme de mes nuits alors… Je ne bouge pas d’un cil.
Les doigts descendent sur mon corps – je dors nue en été, une chance – et relèvent le drap fin qui me couvre.
Mon visiteur me caresse les seins, les soupèse, joue de leur rondeur ferme, s’arrête un long moment sur les mamelons rosés jusqu’à en faire durcir les pointes puis les embrasse, les lèche, les aspire – c’est… c’est doux, c’est bon, je me sens bien. Ses cheveux sont longs, je les sens sur mon buste à mesure qu’il me goûte, plus bas, le ventre, le nombril… l’intérieur des cuisses…
Je respire plus vite, mais toujours en silence, j’espère.
 Il s’enhardit.
Sa langue parcours mon sillon intime, ne s’offusque pas des poils épars qui commencent à y repousser, drus et piquants, et trouve bien vite ma fente humide juste sous le bourgeon épais et bouffi d’impatience. Il ne peut plus avoir de doute, s’il a déjà butiné une femme: je suis prête à toutes les attentions. Il remonte. Il veut faire les choses bien, j’ai l’impression…
Je fais mine de m’étirer dans mon sommeil. Il s’arrête, la langue sur mon petit bouton. Ses longs cheveux me chatouillent. J’écarte légèrement les cuisses.
– Mmpf.
Ma respiration redevient normale. Il attend. Encore. Puis il reprend son exploration nocturne. Il s’attarde sur la douce boursouflure, tourne autour, s’en régale, le plaisir est là, je souris un peu plus à chaque passage de la langue malicieuse. Il prend son temps, j’aime ça. Je me demande s’il est en érection, s’il se torture l’esprit pour savoir jusqu’où aller avec moi… S’il me connaît d’une nuit passée, il doit savoir que je ne me refuse pas grand chose.
À mon grand soulagement, il explore enfin ma fente secrète et recueille avec soin l’or divin qui en perle sans retenue. Il doit sentir ma respiration erratique, mon ventre qui se baisse et se soulève à mesure que le plaisir m’inonde, il doit remarquer forcément que mon amande  se contracte sous ses assauts répétés, il doit savoir que je suis éveillée !
La langue se fait fouisseuse, il me gobe entière et me pénètre tendrement, je cesse de faire semblant, j’écarte les jambes, il lape de plus belle, se régale de mes jus abondants, dispense le plaisir sans s’économiser.
– Mmm
 C’en est trop, je veux sa queue, son sexe en moi, je lui presse les épaules en suppliant:
– Viens…
Il se soulève, ses longs cheveux effleurent mes cuisses, il plante ses doigts dans ma minette dégoulinante,  je lui caresse le buste… et retire ma main vivement en sentant deux énormes seins !
C’est une femme !
Le parfum. Les cheveux. Les seins lourds.
– Anita…?
– Laissez-vous dorloter, mademoiselle Mary, vous irez mieux après.
Elle se penche et me couvre de baisers fougueux, ses doigts me fouillent, me pressent de trouver mon plaisir, nos langues se mêlent, ma coquine Anita s’est enhardie ces dernières semaines, je ris de ses attentions urgentes, elle me prend une main et la guide vers sa forêt vierge, mes doigts se perdent dans la mousson qui l’inonde, elle se tend et m’embrasse, sauvage. Elle a raison. Il faut que je me reprenne. Je lui presse un sein gentiment.
– Viens, Anita, je peux participer un peu…
Elle se retourne, place ses cuisses autour de ma tête, sa fleur odorante à hauteur de mes lèvres, je glisse un oreiller sous ma nuque et goûte le fleuve parfumée qui se cache au creux de sa jungle noire. C’est salé, fort et doux, épicé.
Les doigts de la bonne m’explorent par devant et par derrière, elle joue de sa langue, démultiplie mon plaisir, je la lèche avec ardeur, j’aspire l’épaisse orchidée sans honte aucune, Anita me libère de ma tristesse, me rend pour un instant a mon bonheur perdu.
La langue plongée dans son intimité, ma jouissance éclate entre ses doigts, contre sa bouche, je me contracte en pleurant presque de joie, la délivrance est totale, absolue, infinie…
Une torpeur bienvenue m’envahit le corps, le sommeil réclame son dû, Anita s’allonge à mes côtés, une main sur mes seins.
– Dormez, belle Mary. Je suis là.
Je ne peux pas la laisser ainsi.
– Tu n’as pas eu ton plaisir. Je peux…
Elle a un sourire dans la voix.
– Détrompez-vous, j’ai eu tout mon content en vous câlinant. Dormez, je veille sur vous. Demain, vous irez parler à monsieur Werner. En attendant, je suis là.
Ses doigts doux me caressent. Je m’endors doucement. Oui. J’aurais dû insister, ne pas laisser le dépit ruiner ma relation amicale avec Werner. Demain, j’irai chez lui, et il m’écoutera. Je me sens apaisée. Anita se love contre moi. Elle a toujours été là quand j’ai eu besoin d’elle.

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