Alysha,  La Plume de Florean,  Le Contrat

Le Contrat d’Alysha – Chapitre 12

Alysha était arrivée, finalement.
J’abaissais la vitre discrètement pour les entendre parler.
– Avec tout le respect que je vous dois, Monsieur…
Bléry l’interrompit d’une voix sèche.
– Montez dans la voiture.
Alysha recula d’un pas.
– Monsieur Bléry, je dénonce notre contrat.
Mon cœur se mit à tambouriner dans ma poitrine.
Avais-je bien entendu ? Alysha était venue pour renoncer à ce contrat ? Elle m’avait menti pour venir dire ses quatre vérités à Bléry ?
– Mademoiselle Rocher, vous êtes tenue par ce contrat.
Alysha secoua la tête.
– Plus maintenant. Je vous ai adressé ce jour une lettre-recommandée le dénonçant. Vous récupèrerez votre argent, au prorata des mois écoulés, moins les bénéfices que les contrats que vous avez engrangés pour mes maillots de bains vous ont rapportés, ou vous rapporteront.
La voix de Bléry se fit dure, une lame d’acier tranchant dans l’air.
– Vous n’avez pas le droit. Montez dans cette voiture immédiatement. Vous serez punie pour le temps que vous me faites PERDRE !
Alysha ricana. Je connaissais ce rire. Bléry avait perdu.
– Mon pauvre Victor.
Bléry sembla le réaliser aussi.
– Vous ne pouvez pas ! répéta-t-il.
Mais la phrase sonnait creux.
Je ne respirai plus.
– Je le peux. Je l’ai fait. Il n’y a plus de contrat. J’ai réalisé quelque-chose ces jours-ci. J’aime le sexe avec vous. Le vertige. La folie.
– Alors montez dans cette voiture !
Alysha hocha la tête avec force.
– Mais j’ai une vie, un homme… et je ne veux pas perdre ça. Merci de me l’avoir fait réaliser.
Bléry se raccrocha aux branches.
– Vous perdrez cet argent !
Elle haussa les épaules.
– L’argent… l’argent n’a jamais été le moteur de mes escapades avec vous.
Il ne comprenait pas, manifestement.
– Quoi, alors ?
– Je vous l’ai dit. Le frisson. L’aventure. Le sexe à outrance. Je ne vous mentirai pas, Monsieur, j’ai aimé tout ce que vous m’avez fait subir, tout ce que j’ai accepté. Mais je ne veux plus. Je ne peux plus. J’ai un homme dans ma vie. Il me suffit. Je chercherai ces plaisirs avec lui, désormais.
Bléry eut un petit rire.
– Bravo.
Il applaudit, moqueur.
– Oui, bravo, Mademoiselle Rocher, vous êtes la première qui ait eu les couilles de dénoncer mes petits contrats. Non que ça me fasse plaisir. Vous êtes sûre que vous ne voulez pas monter dans la Merc ? Une dernière fois ?
Alysha tourna les talons en souriant.
– Au revoir, Victor. Ne vous dérangez pas, je connais le chemin.
Bléry la regarda s’éloigner, immobile.
Je restais au volant, abasourdi.
Je souriais.
Elle m’aimait.


***

Je rentrais en sifflotant, heureux.
Tout était fini.
Et ma femme m’aimait.
Ma future femme.
Elle m’attendait, habillée en short court, bleu délavé et T-shirt blanc fin, façon été sauvage. Elle me sauta au cou et m’embrassa dans l’entrée.
Je souris dans le baiser fougueux.
Mes mains glissèrent sur les seins nus, sous le T-shirt.
Nous n’attendîmes pas d’être dans la chambre.

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