Désir d’enfant
La lumière est tamisée, ce soir, une lampe à sel diffuse une lueur douce sur la table de chevet, rose, orange, deux ou trois photophores font danser leurs flammes frétillantes, les volets sont fermés, la nuit est là, déjà.
Il est au-dessus de moi, sa peau de satin glisse sous mes doigts, il étire les pointes de mes seins, les fait durcir, joueur. Son regard est chargé d’amour, je sens sa virilité entre mes cuisses, il n’est pas en moi, pas encore, ça viendra, je suis déjà prête, tendue, excitée, intensément amoureuse, et consciente de l’importance de ce moment dans ma vie.
D’un mouvement subtil de bassin, une ondulation presque imperceptible, je lui montre comme je m’ouvre le long de son sexe déjà éveillé de toute sa jeunesse explosive, je lui montre que je suis prête pour ce moment si particulier, pour cet abandon qu’il me réclame depuis tant de mois. Il comprend, je le sais. Il se penche pour m’embrasser, les yeux intenses.
Je ne lui demande plus s’il est sûr de le vouloir, il le veut, il me l’a assez montré, il le veut autant que moi.
Oui, aujourd’hui est un jour spécial.
C’est le jour où nous faisons un enfant.
Il n’avait que 19 ans quand je l’ai rencontré, j’en avais presque 15 de plus.
Il intervenait dans ma classe, prenait des groupes d’élèves et les emmenait en salle informatique pour les initier au monde hermétique des ordinateurs.
Si jeune…
Je n’ai pas compris véritablement comment je suis tombée amoureuse de lui.
Comment je me suis retrouvée, à Paris, à ses côtés, sa main dans la mienne.
Comment il m’a amenée à partager ce premier baiser hésitant, je me sentais si vieille, si femme, à côté de lui.
Comment nous avons partagé des midis entiers à nous embrasser dans ma classe, à risquer qu’on nous découvre.
Nous embrasser et pas plus.
Il m’a dit qu’il me trouvait belle.
Qu’il aimait mes yeux verts. Mes longs cheveux. La douceur de ma peau sous ses lèvres.
J’ai eu des doutes. J’ai ressenti de la culpabilité, de la jalousie, du chagrin, de la joie.
Il m’a attendue, il a patienté, m’a laissée me faire à l’idée que c’était possible à mon propre rythme.
Quand je le quittais – et c’est arrivé deux fois les premiers temps – il revenait vers moi, sans hâte, il me montrait qu’il était là si mon cœur me ramenait vers lui.
Si j’en avais envie.
Et j’en avais envie.
Il a passé ses mains sous mon top, un jour de printemps. J’ai appris à suivre les chemins de ses doigts rarement rassasiés. Il a aimé mes seins, il ne s’en lassait pas. J’ai caressé la douce colline insistante qui déformait son pantalon. Il n’a pas reculé.
Les vertiges que ça me procurait ! La lutte de mon esprit contre le désir de mon corps ! J’étais trop vieille pour ce gamin !
Pour cet homme…
Et puis… et puis il y a eu cet après-midi, ce jour de mai, où je l’ai invité chez moi, où je l’ai embrassé, déshabillé, où je l’ai câliné, où je lui ai fait le cadeau de mon intimité, où j’ai capitulé devant notre différence d’âge, devant son amour intact après cette année de patience.
Il n’avait alors que 20 ans.
J’ai attendu qu’il me quitte, qu’il aille voir ailleurs après avoir eu ce qu’il voulait. Mais il est resté, il m’a choyée, rassurée, il m’a couvert de son amour, de sa jeune vigueur, l’abandon avec lequel il s’offrait à moi m’a appris à me donner à lui de toute mon âme, de tout mon être.
Sa demande en mariage m’a fait pleurer.
Rire.
Pleurer.
Pas d’église, juste la mairie, ses parents, les miens, des amis, de la joie, des larmes.
Trois ans avaient passé, déjà, ses études d’informatique lui avaient donné un métier, il était si brillant…
Encore une année… deux… Mon jeune amant s’est mué en époux véritable, mais je ne suis jamais parvenue tout-à-fait à passer par-delà sa jeunesse, par-delà la chance qui était la mienne d’avoir une telle différence d’âge avec mon aimé.
Puis…
Lorsqu’il en a parlé, j’ai été déstabilisée.
« Et si on faisait un enfant ? »
J’ai ri.
Un enfant, vraiment ?
Quelle idée.
Ne voulais-je pas devenir mère ?
Oui, bien sûr.
Il m’avait alors fait l’amour avec un tel désir, une telle intensité ce jour-là…
Les écueils étaient nombreux, pourtant. Durant nos semaines de discussion, il avait soulevé des problèmes qui me glaçaient un peu – la quarantaine pointait à l’horizon, déjà, encore loin, mais si proche.
Il avait déployé des trésors de patience…
Mais il était si jeune pour avoir un enfant… !
Il m’avait demandé de lui faire confiance, il était sûr de lui, il saurait être un père comme il avait su être mon amant, mon mari, avec la ténacité qu’il avait su démontrer toutes ces années.
Des mois s’étaient écoulés, l’idée avait fait son chemin dans mon esprit – dans mon cœur. Mes doutes s’étaient atténués. Il avait su me convaincre, me rassurer, encore.
Alors…
Alors ce matin, j’avais accepté.
La joie ressentie…
La joie ressentie est indicible, elle fait partie de ces instants que l’on ne peut que vivre et non décrire, bonheur, amour, sentiment de responsabilité, un rien de magie, une touche d’effroi, l’impression de saut dans l’inconnu… et un désir, un tel désir…
Le baiser me consume, j’ai envie de lui, j’écarte les cuisses, son vit dressé parcourt lentement toute la longueur de mon minou ouvert, déjà, mais il ne me prend pas encore, il me fait attendre, j’ai toujours admiré la façon dont il me prépare, rares furent les moments où, emporté par son besoin, il s’est servi avant que je ne sois rassasiée.
Même maintenant, en ce moment précieux où je languis d’accueillir sa semence, de m’unir à lui d’une manière bien plus profonde, il me témoigne ses délicates attentions.
Mes mains saisissent son sexe moite, collant de ma féminité, le masturbent, urgentes, je veux qu’il sache combien j’ai envie, il sourit contre mes lèvres et recule le bassin, se place hors de portée de mes doigts avides.
- Patience…
Il a chuchoté. Ses lèvres tètent déjà le bout de mes seins.
Il a raison, bien sûr, il ne faut pas brûler les étapes, j’ai le cœur qui s’emballe à mesure que les lèvres coquines aspirent mes tétons durcis, dressés, je halète discrètement, mes mains orphelines se calent entre mes cuisses, mais mon jeune époux les éloigne avec douceur, sa langue parcours mon ventre, mon nombril trempé de sueur, lèche mon mont-de-vénus glabre – il aime tant que je sois totalement épilée – et plongent enfin au creux du sillon brûlant.
Je souris et me tends sous les assauts suaves. Lorsque je me rase le sexe, je sais qu’il va aller le visiter, il aime y tremper la langue, le nez, il en aime la rare douceur et y passe un temps infini. Sa salive se mêle à mes humeurs, je tremble, me contracte, son index et son majeur entrent dans la lente danse, explorent mes tréfonds avec la même candeur touchante que lors de nos premières fois, il a l’impression de mettre les doigts dans un pot de confiture divin, il me goûte et se pourlèche, je plie les genoux, soulève mes cuisses, lui offre la minette béante et inondée, il s’y abandonne, y disparaît, s’y frotte du menton au front, se baigne dans le mélange capiteux, il se régale de la saveur de mon œuf lisse, de ses fragrances marines.
L’orgasme est soudain là, il me prend par surprise, je me cambre, me cabre, tremblante, les éclairs me vrillent le ventre, une joie erratique m’emplit le cœur, je la gémis mais j’ai envie de la crier… Il garde sa bouche collée à mon petit bourgeon rosé, ne cesse pas de l’aspirer, jusqu’à ce que je me détende enfin, comblée déjà.
Il remonte sur mon ventre, sur mes seins, contre ma bouche, je m’agrippe à lui, à son corps finement musclé, il m’embrasse, le visage encore trempé de mes débordements et de sa salive. - Je t’aime, je t’aime, je t’aime…
J’ai murmuré contre ses lèvres, emplie d’un sentiment d’amour fou, il rit dans nos langues emmêlées et m’embrasse de plus belle. Je crève du désir de le sentir en moi, mais il mérite mieux qu’un soulagement immédiat et bâclé. - Mets-toi sur le dos.
Il a un sourire secret, dans la lueur orangée de la lampe à sel.
Je m’accroupis à ses côtés, embrasse sa poitrine ferme, ses abdominaux bien dessinés, et m’empare de l’objet du désir, ce sexe saillant, cette queue longue et sensible, l’objet de toutes mes attentions, qui m’électrise chaque fois que je le suce, chaque fois que je le caresse, un cheval sauvage qu’il faut apprivoiser, dompter, avant de le monter.
Ma langue en suit les contours, je m’imprègne de sa saveur fraîche, je m’amuse de sentir la rigidité fière entre mes doigts, sous mes lèvres, contre mon nez, je prends ses bourses entre mes doigts et les presse fermement, il souffle, la queue bat, furieuse, je sais qu’il se retient, qu’il ne veut pas venir sur mon visage, qu’il ne veut pas que je le boive aujourd’hui, je titille le gland bombé, je l’engloutis en deux coups de menton, je n’ai jamais pu l’avaler entier mais je fais de mon mieux, je vais aussi loin que je peux, avant de remonter, sans hâte, la langue collée à la chair aimée, et de l’aspirer à nouveau, oublieuse des flots de salive huileuse qui coulent le long de ma bouche écartelée, oublieuse de ma gorge qui proteste chaque fois un peu plus.
Il place ses deux mains sur ma tête, guide mon rythme, lent, lent, rapide, lent, lent, rapide, il cherche la jouissance maîtrisée, il sait qu’il doit se retenir encore un peu, le ballet oral m’excite, je suis agenouillée devant sa statue lubrique, en prière, le mantra que je récite est celui qui me tord le bas-ventre et les reins.
Il se tend soudain, ses mains se crispent sur mes cheveux, je m’arrête sur sa queue qui enfle et bat au fond de ma gorge, je ne bouge plus de peur d’être allée trop loin, j’attends, inquiète, que les vagues qui l’assaillent refluent. Une goutte amère coule sur ma langue. Je ferme les yeux, je n’ose plus respirer, il est tendu à rompre, il tremble de se retenir ainsi, de lutter contre l’explosion qui menace.
Enfin il se calme. Ses mains quittent mes cheveux. Il soupire, soulagé. Je me fais douce et cotonneuse, je remonte le long de la virilité encore choquée, il halète douloureusement, je la baise amoureusement, délicatement, le moment attendu est arrivé, l’euphorie et le vertige se mêlent dans mon cœur.
Je respire son corps, son ventre, ses pectoraux, son cou, je l’embrasse, ses bras passent autour de moi, il me serre dans leur étau, - Viens.
Je m’allonge sur le lit encore frais. J’écarte les cuisses sans plus avoir honte – j’ai passé ce cap il y a longtemps, nos années d’écart me rendaient fragile, gênée de n’être plus la jeune fille en fleur qu’il était en droit d’attendre à son âge. Il me lape un instant encore, le nez contre mon bourgeon épais, la langue entre mes lèvres lisses, il texte ma ferveur, mon humidité, mon envie, mais je n’ai plus de patience, je lui griffe les épaules, suppliante : - Viens… !
Je sais qu’il sourit, ma voix a dérapé dans les aigus, tenant plus de la complainte que de l’ordre.
Il se place au-dessus de moi, mon désir est trop fort, je saisis sa queue entre mes doigts, la guide à l’orée de mon plaisir et donne un coup de reins vers le haut, je suis sous lui mais c’est moi qui le possède, mon amour, mon étalon fougueux.
Il m’habite enfin, me pénètre complètement, je m’écarte encore, lui ouvre mes secrets moites et glissants, il me fouille en profondeur, complètement, le regard intense, les baisers dévastateurs. Je ferme les yeux et me laisse emporter par les éclairs et les orages qui s’amoncèlent au creux de mes reins, dans mon ventre, partout dans mon corps, je le laisse couler en moi, l’encourage de mes respirations aigues, de mes gémissements sourds, je ne suis plus que cette colonne de plaisirs tumultueux qui m’obsèdent, me vrillent, m’emportent loin des rivages de la conscience. L’engourdissement s’étend jusqu’au bout de mes doigts, je jouis bruyamment, tant pis pour les voisins, tant pis pour mon amour-propre, sa queue fourrage dans mon vagin, c’est mon amarre, ma raison, mon accomplissement.
Des lumières dansent dans mon esprit, dans mes yeux, je m’aperçois que ce sont les photophores qui se dandinent dans l’air du soir, mon regard se fixe sur lui, il s’est arrêté au fond de moi et m’a observée pendant que je partais dans mon orgasme féérique… - Tu es prête ?
Je hoche la tête. - Je t’aime.
Il sourit en coin et reprend sa lente chorégraphie, il garde ses yeux sur mes seins, je m’ouvre à son passage, j’attends sa semence, j’attends son abandon, j’ai le cœur qui bat la chamade, soudain, notre décision est prise, il me veut, moi, pour la vie, il veut un enfant de moi…
Je pleure de joie, il m’embrasse sans cesser de me prendre, de plus en plus fort, de plus en plus vite, il ahane, halète, souffle, je lui prends le visage, lui mords les lèvres, la langue, il se tend enfin, secoués de spasmes douloureux et délicieux, la chaleur emplit mon ventre, mes larmes continuent de couler, je ris de sa douceur, de son excitation, de sa jouissance qui m’emplit enfin…
Je serre les jambes autour de lui. Nous restons ainsi jusqu’à ce que le sommeil nous prenne. Nous avons fait un premier pas pour fonder une famille. Je n’ai plus peur.