Coquin de Grimm – Les ardeurs de Chaperon
Chaperon a les yeux qui se ferment. Elle est lovée dans son petit lit, angélique.
Je suis assis à côté, sur une chaise rigide qui craque à chacun de mes mouvements. La pénombre nous entoure, je termine mon histoire à la lueur de la bougie, mais je n’en ai pas besoin, je la connais par coeur.
« Le prince se pencha et donna à la princesse un simple baiser d’amour… »
Chaperon sourit, elle rouvre les yeux et m’observe, candide. C’est sa partie préférée.
J’ai accepté de lui raconter une histoire avant de dormir, ici, dans sa petite chambre qui l’a vue grandir, sous les toits, pensant que cela me protégerait des tendres ardeurs de ma jeune protégée, et que j’aurais moins de pensées coupables en la voyant ainsi allongée dans son lit étriqué.
« …Elle s’éveilla de son profond sommeil, un sourire enchanteur aux lèvres… »
Je dois avouer que je n’ai pas laissé la bougie allumée par crainte de ce que l’on aurait pu bien pensé si l’on nous surprenait ainsi dans le noir – ma servante Mathilde sait, pour être aussi dans la fleur de l’âge, que je sais me tenir avec honneur et dignité en toutes circonstances. Elle ne ferait pas cas de me savoir ici, même dans l’obscurité.
Non. Je me l’avoue à peine, mais la faible lueur me permet d’admirer, à la dérobée, les formes girondes de ma belle coquine, le drap tendu sur ses seins, la courbure délicieuse de ses hanches sur le matelas de plumes, les cheveux noirs et le visage d’ange aux lèvres charnues… Chaperon a éveillé mon désir et, si je ne le montre pas, je prends toutefois un plaisir coupable à la boire des yeux.
« … Le prince tendit galamment la main et mena la princesse sur son fidèle destrier, sans jeter un regard vers la montagne où gisait le défunt dragon… »
Chaperon s’agite et se retourne, passe un bras blanc au-dessus du drap, révélant un peu plus le creux de sa poitrine. Ma voix reste calme même si mon coeur se met en émoi. Je décide d’abréger la fin de quelques lignes.
« … Et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants. »
Elle soupire et sourit. Sa voix est innocente quand elle demande:
— Comment ?
Je hausse les sourcils, interloqué.
— Comment quoi ?
Elle rit.
— Comment eurent-ils beaucoup d’enfants ?
— Et bien… comme ça, quoi, c’est ainsi que l’ont clos les histoires féériques.
Elle se soulève sur les coudes. Le drap glisse nettement. Je fais mine de ne pas remarquer, mais je remarque. Deux globes d’albâtre, surmontés de macarons brun foncé. Fermes. Rondelets. Magnifiques. Mon émoi s’accentue dangereusement.
— Oui, mais comment ? Est-ce qu’il la mène au lit dès leur arrivée au palais ?
Mon coeur s’agite. Ses tétons se sont dressés sous l’effet de la fraîcheur nocturne. Les formes juvéniles m’émeuvent. Ma plume tressaille.
— Je ne…
— Est-ce qu’elle s’agenouille, soumise, lui ôte ses braies, tend la main et les lèvres vers le sexe enflé ? Est-ce qu’elle le goûte ?
Je tente de répondre, la gorge serrée. La main de Chaperon s’agite sous le drap soyeux. Je n’ose imaginer ce qui se trame encore dans son esprit coquin.
— L’histoire ne le dit pas…
Mais elle fait mine de ne pas m’entendre.
— Ou est-ce qu’il déshabille la princesse, plonge sa langue entre ses cuisses blanches et déguste l’abricot vierge avant…
— Chaperon !
— …de pénétrer la pucelle comme il a terrassé le dragon, d’un coup rude de son épée turgescente ?
Je me rengorge.
— Tur… turgescente ? Je ne crois pas que ce soit ainsi écrit, mon enfant.
Elle se rallonge sans cacher ses seins blancs et frissonnants, la main continuant de virevolter sous le drap avec une ardeur coupable.
— Mmm, Grimm, ne me prends pas pour une gourgandine. L’épée du chevalier est toujours brillante et acérée, elle vibre au toucher, elle transperce la Bête qui vit dans une grotte sombre… mmm… profonde…
Mon coeur bat la chamade. Dans l’obscurité relative, je n’imagine que trop les contrées que les doigts de mon Chaperon explorent. Elle tourne les yeux vers moi.
— Grimm, conquière-moi. Transperce la Bête de ton épée au fond de ma grotte profonde. Sois mon Chevalier. Montre-moi que tu m’aimes.
Elle repousse le drap à ses pieds et m’offre sa nudité. Seule la main qui va et vient entre ses cuisses cache relativement l’objet de toutes les convoitises. Mais elle l’ôte lentement, et pose ses doigts luisants sur ses cuisses écartées.
Je reste sans voix à la vue de la toison dégoulinante. Je ne manque rien de la framboise charnue qui affleure.
— Grimm…
Je me lève, tremblant.
Je pose un baiser tendre sur le front de Chaperon.
— Je ne peux, mon enfant…
Elle reste nue et suggestive , pose ses doigts poisseux aux parfums d’embruns sur mon visage, m’attire à elle et m’embrasse langoureusement sur les lèvres.
Je m’écarte, la plume sauvage, le désir au ventre, et me dirige vers la porte que j’ouvre en titubant.
Et je me retrouve nez-à-nez avec Mathilde.
La toute jeune servante a le rouge aux joues et les mains dans la culotte, qu’elle ôte hâtivement.
Je recule, éberlué.
Elle retrouve son aplomb avant moi.
— Que Monsieur me pardonne… j’apportai une tisane à Mademoiselle… je vous ai entendu conter… oh j’aime les contes, Monsieur… et puis… je n’ai pu m’empêcher d’écouter… d’entendre…
Chaperon se lève et vient consoler la pauvrette sans prendre la peine de passer sa nuisette.
— Ce n’est rien, Mathilde, Monsieur n’est pas fâché. N’est-ce pas, Grimm que tu n’es pas fâché ?
Elle prend la rousse soubrette par la main et l’attire à elle pour déposer un baiser léger sur ses lèvres épaisses.
Je ne peux m’empêcher d’apprécier la beauté innocente de ce tableau.
Le baiser se prolonge.
Les lèvres s’entrouvrent.
Les langues se mêlent.
Je me sens durcir à nouveau.
Chaperon soulève la blouse de Mathilde et baisse sa culotte trop large, qui tombe à ses pieds. Elle ouvre ensuite le vêtement en délaçant lien après lien.
La blouse crème rejoint la culotte.
Les fesses rebondies de la servante m’attirent. Ses seins roux m’affolent.
Les deux jeunes filles joignent les mains, s’effleurent, qui les seins, qui le sexe, qui le derrière.
Je sens le dard frémir sous ma robe de chambre, gémir, hurler de rejoindre leur étreinte.
Mais je reste muet, les bras ballants, les yeux écarquillés, le ventre en feu.
C’est Mathilde qui rompt le baiser, la respiration haute, le verbe entrecoupé de soupirs éloquents.
— Oh, Mademoiselle, c’était notre secret…
Je comprends que ce spectacle qui m’est offert n’est pas si neuf pour les deux gamines saphiques.
Chaperon lui mordille les lèvres, joueuse.
— Tu as surpris ma coupable inclination pour ton maître. Il est donc juste qu’il assiste à la tendresse que tu éprouves pour moi. Voire qu’il la partage. Est-ce que ça te plairait ?
La rouquine sourit, enthousiaste.
— Oh, grandement, Mademoiselle. Je suis toute offerte à Monsieur.
Elle se tourne vers moi, le corps frémissant.
Je retrouve ma voix.
— Allons Mathilde, je ne t’emploie pas pour ce genre de services…
Elle s’approche de moi et minaude.
— Une bonne servante doit satisfaire son maître. Toutes mes amies le font.
Je proteste pour la forme.
— Je ne suis pas ce genre d’homme.
Chaperon intervient.
— Mais elle est ce genre de fille, Grimm.
Je ne veux rien entendre.
— Voyons, tu es bien jeune pour nourrir d’aussi coupables pensées.
Mathilde sourit timidement.
— Jeune et offerte, Monsieur.
Elle appose ses lèvres sur ma joue droite en se soulevant sur la pointe des pieds. Je sens ses petits seins pressés contre ma poitrine. Ses mains remontent mes cuisses et pressent ma plume affolée.
Je couine, la gorge serrée.
— Mathilde…
Chaperon me tire par la main.
— Au lit, Grimm, c’est dit, Mathilde te cajolera pendant que je te conterai mon histoire.
Je me laisse mener, plus vaincu que convaincu. Je proteste encore d’une voix faible.
— Une fille de bonne famille n’a pas à s’adonner au stupre et à la luxure…
Mathilde pouffe en écartant les pans de ma robe de chambre. La lueur des bougies illumine ses courbes juvéniles d’une lueur tentante et mystérieuse.
— Je ne suis pas une jeune fille de bonne famille Monsieur…
Elle trouve mon vit durci et le presse entre ses petites mains. Je devine, plus que je ne vois, ses lèvres se refermer autour de mon ardeur coupable. Sa langue est chaude et douce, elle m’évoque le miel au printemps.
— Mon histoire, reprend Chaperon, d’un ton satisfait, te montrera, Ô mon Grimm, que tu peux considérer notre union comme je t’en conjure depuis si longtemps. Elle parle d’indiscrétions, d’innocence perdue, de plaisirs secrets, et de mes premiers émois.
Chaperon fait une pause emphatique, s’assied sur le fauteuil que j’occupais un instant plus tôt, les cuisses ouvertes, la main au creux de son petit pot de beurre fondant. Elle observe les coups de mentons ininterrompus et délicieux de Mathilde, qui s’en donne à coeur-joie pour tirer le meilleur de moi.
— Tu m’as racontée, Grimm, tu m’as mise en scène, tu m’as donné un loup, un panier garni et une forêt à traverser.
Son autre main remonte le long de ses hanches et vient presser ses seins parfaits, l’un après l’autre.
— Sais-tu, Grimm, ce qui se passe dans les silences de tes paragraphes ? Sais-tu ce qui arrive dans les pauses entre les chapitres ? Sais-tu ce que tes personnages vivent tandis que tu les rêves ?et les écris ?
Elle se penche vers moi et m’embrasse fougueusement. Je me pâme sous l’effet des bouches chaudes de ces deux gourgandines, la brune et la rouquine.
— Abandonne-toi dans mon conte à faire rougir, Grimm, mais ne t’avise pas de couper court en cédant aux plaisirs que t’inflige ta servante. Si tu dois vider ton inspiration, je serai ta Muse.
Mathilde pouffe en m’accueillant plus loin sur sa langue, je m’étonne de tenir tout entier dans sa gorge. Je serre les dents, curieux des révélations que me promet Chaperon.
Elle se redresse et se caresse.
Sa voix est douce lorsqu’elle entame son récit, les yeux fixés sur les va-et-viens de Mathilde.
— Tout commence avec cette galette et ce pot de beurre que me confia ma mère, un matin d’automne…