Coquin de Grimm – La vaillante petite Tailleuse
1. Le Petit Chaperon
Le Petit Chaperon rouge traverse le couloir.
Elle a bien grandi, la petite.
Et elle ne porte aucun petit chaperon, ni rouge, ni d’une autre couleur.
Juste une culotte de coton, d’un ton rose-framboise.
Ses cheveux bruns et raides ont poussé, depuis qu’elle a fricoté avec le loup et le chasseur (mais pas avec la grand-mère, elle me l’a juré), il y a quelques années. Ils cachent ses petits seins fermes et froids, les tétons toujours tendus à craquer.
– Tu pourrais au moins mettre une nuisette quand tu te promènes dans la maison !
Elle s’arrête et passe la tête par la porte.
– Oh, Grimm, comme tu as une grosse voix…
Elle remet ça.
– Petit Chaperon…
Elle entre à pas de louve.
Les pointes noires de ses seins dardent à travers les cheveux d’ébène. Je la fixe droit dans les yeux, je préfère me laisser émouvoir par son nez troussé, ses taches de rousseur éparpillées sur ses joues roses que par son ventre plat et ses hanches aux courbes sucrées.
Elle s’assied sur mon bureau, manquant de renverser la plume et l’encrier. Elle sourit en coin.
– Oh, Grimm, comme tu as de grandes mains…
Elle glisse ses doigts entre les miens et porte ma main jusque ses monts vallonnés et juvéniles. Le contact de la peau satinée réveille le loup qui sommeille dans mon bas-ventre, ma plume frétille déjà. Elle baisse sa culotte. Je refuse de hurler devant sa lune.
– Petit Chaperon, cesse ce jeu tout de suite.
– Je t’offre juste le contenu de mon panier garni…
Elle mène ma main vers son petit pot de beurre qui fond au passage de mon doigt.
– … il faut fourrer la galette… tu ne veux pas y mettre ta fève ?
Son autre main entrouvre ma robe de chambre.
– Petit Chaperon, il suffit, maintenant !
Il m’a fallu toute la volonté du monde pour ôter mon majeur du pot crémeux à souhait, et empêcher la sienne de prendre ma cuillère en bois.
Je transpire.
– Laisse-toi tenter, Grimm… tire ta chevillette et ma bobinette cherra…
– Il suffit !
Elle remonte sa culotte lentement. Elle a un cul doré, dodu et ferme qui me rappelle les brioches généreuses de Mado, la boulangère.
Ma plume se dresse à ce souvenir. Une envie de la plonger dans l’encrier me prend, je la réprime pour le moment. Le Petit Chaperon est peut être ma Muse, mais il y a des limites que je ne franchirai pas. J’espère.
– Tu n’es pas amusant, Grimm. Je suis jalouse.
Je fronce les sourcils. Qu’est-ce donc que ces simagrées ?
– Jalouse de qui ?
Elle croise les bras sous ses seins, oublieuse de l’effet qu’ils ont sur moi. Les pointes noire semblent me contempler, rieuses, sous la cascade de cheveux.
– Jalouse des autres ! Cendrillon ! Blanche-Neige ! Raiponce ! Je suis même jalouse du Petit Poucet, tiens !
Je rougis légèrement. Comment peut-elle savoir ?
– Je n’ai pas écrit « le Petit Poucet », Chaperon. C’est Perrault, il y a deux siècles, qui….
Elle s’emporte en agitant le doigt sous mon nez. Elle est belle, en colère.
– Ah ne te moque pas de moi, Grimm ! J’ai lu ce qui s’est passé après les contes. Tu es même allé chercher la Petite Sirène du jeune Andersen pour batifoler sur la plage, mais moi, non, tu ne me touches pas, tu ne me regardes pas, tu ne m’aimes pas !
Je m’emporte
.- C’est faux ! Je n’ai pas touché à la Petite Sirène ! Et tu es la plus belle de toutes et certainement la mieux gaulée… je veux dire…
Elle s’agenouille devant la chaise et écarte les pans de ma robe de chambre, l’air déterminé. Ses cheveux bruns s’emmêlent sur ses épaules, s’accrochent à mes genoux, libèrent ses seins jusque-là délicieusement cachés.
Elle empoigne ma plume frémissante d’une main ferme et la caresse, intéressée.
– Petit Chaperon…
– Raconte-moi.
Sa main se fait duveteuse, légère, tendre. Insoutenable. Je ne résisterai pas bien longtemps.
– Que je te raconte quoi ?
– Ce que tu n’as pas dit à la fin de tes contes, et ce que tu as imaginé pour ceux de tes confrères… raconte-moi ce que même ton frère ignore…
Comment sait-elle… ? Qu’a-t-elle découvert ? A-t-elle lu mes autres écrits ?
– Que veux-tu savoir ?
Elle a gagné, elle le sait. Ses doigts tentateurs m’enserrent les bourses autant que le cœur.
– Ce petit tailleur si vaillant… il m’a semblé entendre les autres parler d’une version différente de cette histoire…
Je fais mine de m’agacer, mais je suis secrètement soulagé. Si elle avait choisi Aurore, ou Blanche-Neige… j’en frémis.
Je choisis d’ignorer résolument la main baladeuse qui dessine si finement le désir de ma plume leste.
– Ah oui…, dis-je d’une voix de conteur… il était une fois une vaillante petite tailleuse…
2. La vaillante petite tailleuse
… Lucinda n’est pas bien grande, elle a le cul rond et les hanches larges des femmes de sa condition, mais ce sont ses seins qui font le plus se retourner les hommes, deux globes d’albâtre qui enflent à chacune de ses respirations, surmontés de pointes rosées étalées au-delà du raisonnable en leur centre parfait. Les hommes paieraient pour les tâter. Les hommes tueraient pour les baiser. Les hommes se damneraient pour les posséder à jamais.
– Dépêchez-vous un peu, mes vilains, j’ai encore du travail ce matin !
Sept coquins l’entourent, braies baissées, vits dressés, ils la regardent se dénuder, les aguicher, titiller de la langue les verges rougies par les frottements urgents de leurs mains calleuses.
Elle empoigne ses orbes, les leur fait admirer, elle goûte et lèche la virilité de chacun, espérant en finir vite, c’est qu’il reste des chemises à coudre, des costumes à tailler, de la lingerie à assembler…
– Ouch, pas si loin…
Le coquin excité a forcé l’entrée de sa gorge, elle tousse maintenant, crache sa salive, le plaisir ainsi donné n’est qu’un bonus pour ses clients, et clientes parfois, et ils savent pourtant bien que corsage ample ne signifie pas forcément gorge profonde. Elle se tourne vers son voisin, un jeune loup les yeux écarquillés, elle sourit en relevant ses jupons jusqu’aux cuisses – elle les tient à deux mains c’est qu’ils sont épais et chauds, ses jupons ! Les cordonniers ne sont peut-être pas les mieux chaussés, mais les couturières sont certainement les mieux habillées !
– Allons, messieurs, un effort, je suis impatiente de voir vos verges dégorger…
Sa voix se fait aigue, elle feule et gémit en prenant en bouche gland après gland, vit après vit, les vilains ahanent, halètent, grogne en l’admirant sans fausse timidité. Elle le leur a dit : si la Nature l’a dotée de tels atours, c’est pour le bénéfice des messieurs, elle dépérirait si des yeux gourmands ne la reluquaient pas ainsi de jour comme de nuit.
– Rhôôô…
Les jets de plaisir explosent tous en même temps, Lucinda rit de se retrouver couverte d’or blanc dégoulinant, les coquins se vident sur son visage et sur ses cheveux, elle ouvre la bouche et recueille quelques larges gorgées pour sa peine. Elle nettoie le plus jeune d’entre eux, puis son voisin, et ce jusqu’au dernier, ils la caressent et l’embrassent, la remercient avant de s’en aller, leurs nouveaux vêtements sous le bras.
Certes, ils payent plus cher leurs braies et chemises, mais tous y reviennent, matelots ou moines, paysans ou nobliaux, les friandises dispensées par Lucinda ont fait sa réputation. Si ses réalisations vestimentaires sont de très bonne facture, ses fellations et sa poitrine généreuse le sont tout autant.
Elle s’essuie le visage et sort de son échoppe ne s’étonnant pas de trouver le village en émoi.
– J’en ai essoré sept d’un coup ! dit-elle, glorieuse, à un soldat qui passe par-là. Dis-le bien à la garde, c’est compris dans le prix de vos uniformes !
Une occasion de se mettre ainsi en avant, elle ne pouvait pas rêver mieux !
Le soldat s’arrête soudain, les yeux pleins d’espoir.
– Sept d’un coup, dis-tu ? Prends tes ciseaux et viens avec moi, je te conduis au roi !
Le cœur de Lucinda bondit. Le roi !
Elle file dans son échoppe, attrape ses ciseaux dorés, creuse son décolleté et suis le garde jusqu’au château, une joie intense au creux des cuisses.
Le noble roi, devant la cour réunie, la jauge du regard, l’air incertain.
– Les dires de notre soldatesque sont-ils vrais, couturière ? Tu aurais l’expérience de la situation qui nous occupe ?
Lucinda exulte. Si elle a l’expérience ? Elle n’a jamais manqué de satisfaire aucun de ses clients, quelque soit son âge, du moment où il avait dur vit et bourses pleines. Elle montre ses ciseaux.
– Sept d’un coup, Sire, rien de moins, tous essorés et dégorgés du premier jusqu’au dernier !
Des murmures impressionnés parcourent la cour attentive.
Le roi fixe les ciseaux dorés, dubitatif.
– Égorgés, dis-tu ? Sont-ce là des ciseaux magiques ?
Lucinda arbore un sourire exquis. Il faut le convaincre sur l’heure, elle le sent, cette aubaine ne se présentera pas deux fois.
– Magique entre mes mains, Sire… c’est que je suis douée de mes dix doigts, sans vouloir me vanter.
Elle n’ose aller plus avant dans la gaudriole. Toute la noblesse de la capitale se trouve-là et si elle reconnaît quelques visages, il y a en ce lieu de nombreuses affaires potentielles – surtout si le roi lui-même lui fait l’honneur d’une commande.
Sa majesté semble prendre une décision. Le cœur de Lucinda chavire en entendant les paroles sortir de l’auguste bouche.
– Soit. Mon besoin est grand, mais plus encore est celui du Royaume. A genoux, couturière.
Lucinda rosit – et il en faut pourtant beaucoup pour la choquer.
– Ici-même, Sire ? Devant tous ?
La cour se fait silencieuse. Le roi ne s’offusque pas de la question.
– Si fait, couturière. A genoux, que tous soient témoins de ton sacrifice, de ton courage.
La petite tailleuse rougit de plus belle. Elle tourne déjà sept fois sa langue dans sa bouche avant de sucer. L’idée de satisfaire son beau souverain lui tord l’entrecuisse. Ses compétences ont forcément pénétré l’enceinte du château. Si même le roi a envie de ses services… tous les courtisans accourront bientôt dans son échoppe pour commander des costumes de la plus belle étoffe. Sa fortune est faite.
Elle s’agenouille.
– Qu’il en soit selon votre bon plaisir, Votre Majesté.
Le roi approche, tire son épée d’apparat du fourreau doré.
– Lucinda, Vaillante Petite Tailleuse, nous te faisons chevalier du Royaume et te nommons notre Championne. Nous comptons sur toi pour nous débarrasser de ce géant sur l’heure. Va, terrasse, et reviens-nous victorieuse !
Sa Majesté l’adoube. La cour exulte.
Lucinda croule sous les bravos et les hourras qui secouent le cœur de la capitale.
Hébétée, elle se laisse guider jusqu’aux remparts, montée sur un âne et armée de ses seuls ciseaux dorés.
Ce n’est que lorsqu’elle se retrouve devant le géant qu’elle comprend qu’il y a eu comme un malheureux quiproquo.
Et pour être géant, ce géant-là l’est.
Aussi haut qu’un arbre, des cheveux de paille, des yeux comme des roues de char, un visage rougeaud mais pas laid, habillé de braies rafistolées, occupé à mâchouiller ce qui ressemble fort à une patte de vache équarrie, il la fixe d’un air indécis.
Perchée sur son petit âne tremblant, Lucinda voudrait fuir, mais quelque chose dans le regard de la créature l’arrête, une sensation de déjà-vu indéfinissable, un air connu qu’elle pourrait presque fredonner.
Elle prend son courage à deux mains, descend de sa monture, s’adresse à la montagne ruminante qui lui fait face, consciente des soldats qui l’observent depuis les remparts du château, à quelques coudées de là.
– Hé, vous ! Il ne faut pas rester-là, vous faites peur à tout le monde.
La créature penche la tête, intriguée.
– Huh ?
Lucinda agite son poing de toute la sévérité dont elle est capable.
– Ouste !
Le géant écarquille les yeux et penche la tête pour mieux la regarder.
Il sourit !
– Huuuh… !
Il approche un doigt de sa poitrine et fait sauter les boutons du corsage lâche d’une pichenette.
La petite tailleuse ne perd pas le nord. Ces situations-là, elle connaît. Batailler un géant est hors de sa portée, mais satisfaire un homme, c’est une autre histoire, c’est une musique qu’elle sait jouer à quatre mains. Le roi lui a demandé d’apaiser le géant, soit, elle l’apaisera !
D’un geste leste elle étire son corsage ruiné, sans se préoccuper de la soldatesque qui observe la scène, depuis les mâchicoulis et qui ne va pas manquer de jaser. Ses seins, enflés par l’émotion et les désirs frustrés de cette sombre matinée, bondissent en pleine lumière, offrant à la vue du géant ébaubi leur pâle constitution, leurs larges mamelons.
Elle a certainement réussi à attirer l’attention de l’escogriffe démesuré, qui s’accroupi devant elle, attentif, le sourire niais.
– Ça te plaît, mon cochon ? Ça tire dans ta culotte ? Alors allonge-toi-là que je te soulage !
Pas de doute, l’Hercule la comprend, il s’affale de tout son long sur la route qui mène au Palais.
Lucinda remonte sa jupe au-delà du raisonnable, lui montre genoux et cuisses blanches, et, sur une impulsion, tombe jusqu’à la culotte pour faire bonne mesure et la lance à la figure du mastodonte.
Celui-ci la saisit au vol, il la tend entre deux doigts et la porte à son nez. Il hume et renifle la féminité affirmée de la petite tailleuse, une expression de bonheur intense sur le visage.
Notre couturière se rend compte avec délice que les braies du Goliath enflent par l’action combinée des fragrances épicées et de sa nudité. Elle se cale sur les cuisses de l’impétrant mal fagoté, puis s’affaire à la désaper – deux coups de ciseaux dorés ont raison des braies emmêlées. Le sort du Royaume ne tient qu’à une pipe ? Qu’à cela ne tienne !
Le géant soupire d’aise lorsqu’elle écarte les pans de la toile déchirée, le tronc de chair se dresse soudain, presque haut comme elle et aussi épais qu’un jeune chêne vigoureux.
Lucinda ne se dégonfle pas, elle quitte sa jupe d’une pichenette, avant d’enlacer la bête, d’y presser ses larges seins et ses lèvres intimes, elle s’accroche à l’immense désir de l’immense bonhomme et le goûte enfin.
Elle colle son visage entier contre le gland terriblement gonflé, elle lèche mille saveurs mêlées, sent contre son corps battre les veines excitées, elle suce, aspire, lape et bave sur toute la surface charnue et lisse, elle sourit des gémissements sourds du lourdaud, l’expérience est nouvelle et très stimulante, elle frotte de toutes ses forces sa minette trempée contre la souche douce, se perd dans les éclairs de plaisirs qui la transpercent, lèche, et lèche encore.
Le sol tremble soudain, mais ce n’est pas le sol, c’est l’escogriffe qui se tend, Lucinda joue des bras et de la langue pour astiquer le membre démesuré, elle s’y agrippe pour ne pas chavirer, elle croise jambes et bras, se cramponne, serre les cuisses en bénissant la foudre qui éclate dans son ventre et dans ses reins, elle sent le tonnerre qui gronde dans les tréfonds du Gargantua et entend le sperme monter avant qu’il ne jaillisse d’un long trait puissant sur son visage, manquant de la noyer. Elle boit la tasse dans l’océan qui la submerge, mais tient la barre, garde le cap et vide son grandiose amant de tout son plaisir, les yeux collés, le nez bouché, la bouche pâteuse, le corps oint tout entier du glorieux liquide.
Enfin, la tempête se calme, Lucinda, chancelante, s’extirpe des vêtements tâchés, le géant l’observe, un sourire benêt aux lèvres.
– Huuuuuuh.
La vaillante petite tailleuse essuie le sperme avec sa jupe ruinée.
– Rentre chez toi, dans les montagnes, et je te promets de revenir te voir de temps-en-temps.
– Hu.
Ainsi fut fait.
Le géant retourna dans ses montagnes.
Lucinda fut accueillie, à demi-nue et encore couverte de plaisir séché, par le Roi en personne qui la mena dans sa Royale salle-de-bains pour qu’elle se débarbouille, puis dans sa Royale chambre pour qu’elle le fasse profiter de ses talents de petite tailleuse.
Perchée sur son petit âne, elle tint sa promesse, et rendit de nombreuses visites au géant, où elle put visiter ses cavernes, et lui sa grotte…
Elle vécut très heureuse et eut beaucoup d’orgasmes….
3. La plume et le Chaperon
Je sors de mon récit sans me rendre compte immédiatement de la raison pour laquelle mon ventre tiraille ainsi.
– Pe…tit… Chap…
Il est trop tard ! Le Petit Chaperon a gobé ma plume quelque part au court de mon récit, ses lèvres rouges sont crispées autour de la chair alanguie, sa langue s’active, je suis au fond de la gorge pâle, elle presse ses seins pointus entre ses mains, les caresse, en étire les pointes noires, ses longs cheveux d’ébène ne cachent rien de sa sublime candeur, ni de ses talents oraux.
– Oh Grimm… comme tu as une grande plume…
Un filet de salive perle le long de son menton, elle m’avale plus profondément, j’appuie sur sa tête pour qu’elle me prenne entier, elle souffle par le nez, s’étouffe à moitié, elle remonte, sa langue darde un instant avant de disparaître à nouveau sous mon vit, je hurle intérieurement et gémis extérieurement, elle s’enfonce sur la plume ébouriffée, rougie, humide, je suis soudain le géant dans les bras experts de Lucinda, la lame du plaisir déborde, je signe à l’encre blanche le talent du Petit Chaperon, explose dans sa bouche, sur son visage, sur sa langue et son menton, elle boit mon plaisir, porte un toast à sa victoire, ses grands yeux noirs me fixent, souriants, attentifs, jusqu’à extraction de la dernière goutte de bonheur.
Je m’affaisse, repu, je ferme les yeux un instant, les rouvre, prêt à morigéner et disputer la coquine. Elle tâte son petit pot de beurre fondant et demande d’une voix plaintive :
– Je suis toute mouillée. Tu ne veux vraiment pas y mettre les doigts ?
J’essaye de me faire sévère.
– Petit Chaperon !
– Tant pis…
Elle me gobe à nouveau et me lèche longuement, je ne trouve pas la force de protester.
Après tout, ce n’est plus une enfant, et tant qu’elle n’exige pas plus de moi que de me laisser caresser, peut-être puis-je l’accepter.
Peut-être.
Elle s’arrête enfin, se relève et quitte la pièce, un sourire secret aux lèvres.
– Merci, Grimm. Puis-je revenir ce soir pour que tu me racontes une histoire ?
Je replace hâtivement mes braies et ma robe de chambre.
– Petit Chaperon, tu as profité de la situation !
Elle ne m’écoute pas.
– Une heure après la tombée de la nuit. Tu pourras me conter ce que tu as imaginé pour la sirène d’Andersen ?
Je secoue la tête.
– Ah non. Surtout pas !
– Alors tu choisiras. A ce soir, mon bon Grimm.
Sa taille fine et la courbe de ses hanches me font oublier ma colère. Qu’ai-je fait pour créer une aussi sublime jeune fille ?
– A ce soir.
Je reprends ma plume, la trempe d’encre et me penche sur ma page vierge.
Je dois bien avouer que cette version de la petite tailleuse était bien meilleure que celle que j’avais écrite précédemment. Il me faut la coucher sur papier.
Je me mets au travail, non sans penser fréquemment aux mains entreprenantes et à la douce bouche de mon Petit Chaperon.