• La Pension de Mary,  La Plume de Florean

    La Pension de Mary – Chapitre 01

    Chapitre 1: Des yeux tristes Nuptiale est toute nuit pour la femme raffinée. I.-V Sieverianine – Poèmes J’ouvre la porte silencieusement avec mon passe.La pièce est plongée dans le noir.L’homme dort.Je souris.Il est une heure treize du matin sur le radio réveil posé sur la table de chevet. Les chiffres digitaux rouges illuminent faiblement le lit.Le drap est rejeté en arrière, il dort sur le dos. C’est parfait pour moi, c’est toujours plus compliqué lorsqu’ils dorment sur le ventre.Je m’approche en silence, j’ai les pieds nus. Je connais la pièce par cœur, je nettoie chacune des vingt chambres de mon petit hôtel quand Anita ne peut pas le faire, je pourrais m’y déplacer les yeux fermés. Je dois juste faire…

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    La Pension de Mary – Chapitre 02

    Le savon L’ombre de cette fleur vermeilleEt celle de ces joncs pendantsParaissent être là-dedansLes songes de l’eau qui sommeille. Tristan L’Hermite, Promenoir des deux amants J’introduis mon pied dans l’eau très lentement, j’aime les bains brûlants, pour me réveiller.J’ai une peau très blanche, aux reflets rosés dès qu’il y a un peu de soleil, comme ce matin. Dans l’eau trop chaude, elle rougit très vite. Le second pied… je me baisse… le plus dur, c’est de s’asseoir, la chaleur cuit mes cuisses, passe mes hanches, englobe mon ventre plat, mon abricot blond coupé ras. Je m’allonge doucement. L’eau monte sur mes seins, qui pointent et se dressent, saisis, les mamelons durcissent, comme pour protester. L’eau mousseuse m’avale, me détend.La nuit…

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    La Pension de Mary – Chapitre 03

    C’’est pour la maison La beauté est une source de joie inépuisable pour qui sait la découvrir. Alexis Carrel, L’’Homme cet inconnu J’entre dans la chambre silencieusement.Il est presque deux heures du matin.J’avance lentement. Je suis nue dans le clair de lune qui éclaire faiblement la pièce.Je m’assieds au bord du lit. Je tire le drap le plus légèrement possible.Elle est mignonne, dans son T-shirt en coton. Mes mains se posent doucement sur ses seins. La sensation est belle, ferme, vivante. Ça m’émoustille.Je pose un baiser sur ses lèvres.Un second.Elle se réveille. – Mmm ?Je l’embrasse encore.Elle passe ses bras autour de moi, m’attire à elle, la nuit désinhibe, elle n’était pas aussi prête tout à l’heure.Je m’allonge entre ses…

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    La Pension de Mary – Chapitre 04

    Des vérités Les hommes trébuchent parfois sur la vérité, mais la plupart se redressent (……) Sir Winston Churchill – Tu es trop vieux.Werner frétille des moustaches. Il ne ressemble pas à un paysan, ou alors à une version bûcheron du paysan, grand, élancé, musculeux. Le genre misanthrope, un peu, qu’on imagine vivre seul parmi ses bêtes. Il est arrivé d’Allemagne peu avant ma naissance, un jeune homme travailleur, qui venait reprendre une ferme convoitée par de grands groupes agronomiques, le village l’avait subventionné, avec succès. – Et toi trop jeune.Il n’a pratiquement plus d’accent. Il porte bien la quarantaine – ses cheveux ne grisonnent même pas. Il n’est pas trop vieux pour moi. Ou peut-être que si. Mon ventre entre…

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    La Pension de Mary – Chapitre 05

    Dominée Ah ! qu’’en termes galants ces choses-là sont mises ! Molière, Le Misanthrope – Suce.Le client est debout au milieu de la chambre aux lumières tamisées. Il ne dormait pas tout-à-fait lorsque je suis entrée, ça arrive de temps-à-autres. Il m’a laissée me déshabiller et le caresser sans rien révéler et soudain… il m’a attrapée, embrassée… ses lèvres sont douces, bien qu’il soit un peu rustre, un peu brutal… j’ai apprécié la fougue, l’ardeur… il a allumé la veilleuse… s’est levé du lit, a baissé son caleçon devant moi, a sorti sa… wow, sa queue – et quelle queue… – déjà bien en forme… bien tendue… si longue… et m’a dit « suce ».« Suce » ???Qui diable peut dire à une jeune…

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    La Pension de Mary – Chapitre 06

    Leçons de vie Mais qui peut arrêter l’’impétueuse ivresseD’’un coeur brûlant d’’amour et que le plaisir presse ! Antoine Bertin, Les amours – Oh… Anita, tu es là.La bonne est plongée dans la baignoire, elle rince ses longs cheveux noirs– Excusez-moi mademoiselle Mary… Je me suis laissée porter par la chaleur de l’eau, je n’ai pas vu l’heure, je sors tout de suite.Elle se soulève. Ses seins dégoulinent.– Non reste, termine. Je ne suis pas trop en retard.Mais presque. Elle le sait. Elle hésite. Ses deux globes amples et bruns flottent à la surface, dépassent de la mousse. J’ai envie de les tâter, comme chaque fois. Je mets mes mains dans le dos. Je suis fatiguée.– Alors venez avec moi…

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    La Pension de Mary – Chapitre 07

    Chambre 3 Lorsqu’’on n’’a pas de vie véritable, on la remplace par des mirages. Anton Tchekhov, La mouette. Je tourne le passe dans la serrure de la chambre 3. Je souris, impatiente, ce jeune garçon est le plus beau des trois. Toute la journée j’ai caressé l’idée de sa nudité, de ses muscles fins et nerveux, de son air doux de brun timide quand il me regarde en passant à la réception… Et il me regarde…! Ma culotte tombe à mes pieds. Elle est trempée. Il faut que je me calme, j’ai trop envie, je vais le réveiller si je ne fais pas suffisamment attention.Je m’approche de lui à pas lents en ôtant ma nuisette de soie bleue.Le lit.J’effleure sa…

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    La Pension de Mary – Chapitre 08

    Déconfiture La manière la plus profonde de sentir quelque-chose est d’’en souffrir. Gustave Flaubert, Carnets. Werner m’expose le produit de sa pêche et de sa cueillette du jour. Les poissons ont des reflets irisés dans ses mains, ses légumes sont fermes et luisants, il les lave et les bichonne avant de me les apporter. Je suis contente qu’il soit là, les jeunes sont partis depuis quatre jours et mes nuits ont été très sages depuis – j’ai trop tiré sur la corde, ces derniers temps. Il faut que je dorme.– Je dois te faire attendre encore pour les pommes et les poires, mais elles seront belles, cette année.Son ton est professionnel, presque froid. Je cherche ses sourires, en vain. L’ai-je…

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    La Pension de Mary – Chapitre 09

    Visite nocturne Il pleure dans mon cœoeurComme il pleut sur la ville.Quelle est cette langueurQui pénètre mon coeœur ? Paul Verlaine, Romances sans paroles. La porte s’ouvre sans bruit.MA porte.Je ne trouvais pas le sommeil, je ne dors pas.Un visiteur du soir ?Mon coeœur s’affole. Ça arrive parfois. Rarement. En général, c’est un client de passage qui vient me… remercier… après que je l’aie visité.Mais là, ça fait plusieurs nuits que je reste sage. La perte de Werner m’a trop affectée. Il n’a pas rappelé. N’est pas revenu.J’hésite à allumer la lumière. À faire partir le coquin.Mais non. Je sais combien c’est frustrant. Je préfère le laisser faire. Et puis… un câlin me fera du bien. Je suis si triste……

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    La Pension de Mary – Chapitre 10

    La dernière tentation Dépêchons-nous de succomber à la tentation avant qu’’elle s’’éloigne. Épicure  Anita me savonne le dos et me rince. Nous avons dormi ensemble. Elle m’’a lavée, câlinée, mais je la trouve étrangement silencieuse ce matin.Et calme.– Tout va bien, Anita ?Elle sourit.– Je pense à monsieur Werner.Mon cœoeur bondit de joie, se serre de tristesse et de peur, je ne sais quel sentiment prévaut.– Et… ?Elle hausse les épaules.– Vous savez ce que vous devez faire, mademoiselle Mary. Filez. Je m’occuperai de la réception pendant votre absence.Je l’embrasse – sa bouche est sucrée, douce – et sors de la baignoire.Il est temps de dire mes sentiments à Werner. Je rentre bredouille. Werner n’était pas là. « Parti relever ses filets » selon…