Minuit Passé – Partie I
Minuit passé. Quelques derniers messages, un « bonne nuit » à regret et puis je ferme le portable. Je lance ma tête en arrière et laisse échapper un soupir. Aujourd’hui cependant, ce n’est pas la marque de la fatigue ou de l’agacement, mais bien celle du contentement… de la tranquillité. Cela faisait… un, deux, trois ans ? Trop longtemps… trop longtemps que je n’avais pas ressenti cela en parlant avec une femme, un échange plein de sens, de sous-entendus et de complicité.
Un sourire satisfait s’étire sur mon visage : « mon petit problème », comme elle disait, ne semble pas vouloir lâcher l’affaire, tel un ultime clin d’œil qu’elle m’aurait lancé en sachant très bien qu’il m’accompagnerait au-delà des simples messages échangés. Ça et mon imagination débordante qui, galvanisée par ces écrits, ne manque pas de me suggérer mille et un scénarios. Je me laisse emporter par le flot, parcourant chaque idée, chaque élément, chaque détail qui construit peu à peu l’objet de mon fantasme, du moins pour ce soir. Mon corps se relaxe et s’abandonne à mon esprit.
Toulouse, plein été, la chaleur omniprésente sans pour autant être oppressante, celle qui caresse la peau, rend joyeux et aventureux, donne des couleurs à ce qui nous entoure. Les hommes portent leurs hauts les plus moulants, révélant leur musculature finement entretenue le printemps durant; les femmes redoublent d’ingéniosité dans le choix de leurs tenues, tantôt sexy, tantôt raffinées. Pour moi néanmoins ce sera chemise et pantalon, boulot oblige.
Le trajet en métro s’éternise. Station après station, je consulte nerveusement mon téléphone. A-t-elle trouvé l’adresse ? Je soupire et secoue la tête : bien sûr qu’elle a trouvé, tu habites en plein centre dans le seul immeuble du coin ! Le SMS qui arrive finit de me rassurer :
« Je t’attends ! »
Un léger rire m’échappe : si elle savait depuis combien de temps j’attends sa venue à elle. Mon coeur accélère, l’excitation qui était tapis depuis ces dernières semaines commence à jaillir en moi, intarissable. Quelques minutes avant la délivrance, avant…
Les portes s’ouvrent et le flot des gens s’écoule jusqu’aux escalators. Je quitte à mon tour la rame et marche vers la sortie, surpris par la hâte que je ressens dans mes pas malgré la fatigue. J’émerge à la surface et descend comme chaque jour l’allée bordée de chênes qui mène à mon appartement, resplendissante de vie et de verdure en ces temps chauds. Le cadre est idyllique et je me prends à fredonner.
Et puis la voilà. Je rate un battement. La légère brise qui parcourt le boulevard passe dans sa chevelure, soulevant ses boucles dans une danse aérienne que le soleil pare d’or. Le soudain arrêt de ma marche attire son attention. Alors qu’elle se tourne vers moi en passant une main dans ses mèches, un sourire illumine son visage. Oh, un second battement. Je souris à mon tour et, désireux de réduire au plus vite la distance qui nous sépare, traverse hâtivement la route sans la quitter une seule seconde du regard de peur qu’elle ne s’envole.
« Tu en as mis du temps dis-moi ! J’allais presque me dire…
Sa phrase se perd en un petit cri surpris lorsque je la soulève du sol et la fait tourner autour de moi. Son rire clair est mélodie à mes oreilles, sa voix cristalline une berceuse. Je finis par la reposer au sol, sans pour autant relâcher mon étreinte. Le parfum de ses cheveux emplit mes narines alors que mon visage est encore logé dans son cou…
– Du temps ? C’est vrai qu’on a mis du temps à enfin se rencontrer…
– Tu sais que je ne parlais pas de ça.
Je souris.
– Oui en effet. Désolé, mes patrons n’ont rien voulu savoir quand je leur ai dit que j’étais pressé. »
Nous reprenons une distance plus confortable pour échanger. Pendant que je la questionne sur son
voyage, elle m’emboîte le pas et nous pénétrons dans la résidence. L’attente de l’ascenseur est du
pain béni, me permettant de m’attarder sur ses traits : son nez fin, ses lèvres pulpeuses, ses yeux
espiègles… elle est encore plus belle que sur les plus réussies de ses photos. Nous arrivons
finalement devant l’entrée de la collocation.
Je tends l’oreille une fois la porte ouverte.
Vide, comme je leur avais demandé…
Parfait.
Le soleil se couche sur le fleuve, 10 étages en contrebas. Installés sur le balcon, nous sirotons nos
boissons alors que les bruits naissants de la place Saint-Pierre nous parviennent. Je jette un regard
vers mon invitée et la trouve complétement émerveillée par le paysage en face d’elle. « Chose
promise, chose due » pensé-je en finissant mon verre, un porto acheté spécialement pour l’occasion.
L’alcool réchauffe mes joues et m’incite moi aussi à profiter de la vue. Seulement, pas de la scène en
contrebas… mais bien de celle à mes côtés.
Accoudée à la balustrade, sa silhouette légère est nimbée par la lumière qui provient de l’intérieur de
la pièce, rehaussant ses traits que j’avais parcouru des yeux quelques heures plus tôt. Toutefois, c’est
sur sa tenue que je laisse trainer mon regard cette fois : un court blouson en jean qui couvre ses
épaules laissées à nu par son tank top vert foncé, accompagné d’un moulant pantalon de toile noir. «
Magnifique ».
J’ai dû laisser inconsciemment échapper ce mot car elle choisit ce moment pour se tourner à son tour
vers moi. Un sourire découvre ses dents blanches et, mine de rien, elle retourne à sa position initiale.
Enfin… pas tout à fait. Sa cambrure a été savamment ajustée, ses épaules malicieusement
dénudées…
Elle me tente et elle le sait.
Elle jubile.
J’inspire… je me lève.
Ses fesses ressortent toujours autant et si sa posture pouvait parler, elle laisserait probablement
échapper un ricanement tant je peine à contrôler mon désir. Pas encore… la nuit est tienne. Je me
positionne derrière elle, légèrement à sa droite, sans la toucher… pour le moment.
« Alors, je t’ai menti ? »
Elle ne répond pas tout de suite. Cela fait partie de son jeu, tout en elle se doit d’attiser le feu qui
monte en moi, de me pousser vers le bord…
« C’est charmant en effet, me répond-elle enfin, avant de retourner dans son silence.
– Régale-toi alors, on a tout le temps pour nous.
– Pour admirer la vue ? rit-elle légèrement.
Je ris à mon tour.
– Entre autres, finis-je en m’approchant d’elle, déposant mes mains sur ses hanches. »
Elle tressaille à mon contact et je me fige, attendant son accord avant de poursuivre. L’action était-elle
trop abrupte, aurais-je dû attendre un moment plus opportun ? Les revoilà, les pensées parasites
qui m’ont toujours gardé loin des femmes… Pourtant, un petit gémissement interrogatif mais
néanmoins appréciateur s’élève alors de sa gorge, ce qui me détend.
« Nico… on ne devait pas se contenter d’admirer la vue ? commence-t-elle, feignant l’innocence.
– Si, mais je n’ai jamais dit qu’on ne pouvait pas la toucher.
– Je parlais de la ville andouille!
– Pas moi… » finis-je, moqueur.
Mon buste s’approche de son dos par-dessus la courbure de ses fesses tentantes. Il vient presque s’y
coller, juste assez pour donner à mon visage la dextérité dont il a besoin. Encore une fois, je laisse
mon nez s’enivrer de son parfum si envoutant : tous mes sens sont à fleur de peau, excités par son
jeu de séduction si parfaitement mis en place. Puis, c’est au tour de mes lèvres de réclamer leur dû,
déposant un baiser léger mais plein de promesses dans le creux de son cou. Elle frisonne et laisse
échapper un soupir tout en redressant sa posture : elle veut s’éloigner, continuer à me faire languir…
Trop tard, une de mes mains a déjà fais le tour de ses hanches et vient se poser sur son ventre pour
l’attirer à moi ; c’est au tour du chat de jouer avec la souris ! J’embrasse avec de plus en plus de désir
sa peau, navigant de haut en bas, d’avant en arrière, tournant autour des points qui la font le plus
soupirer, attisant son envie. Elle tente de guider mes lèvres de sa main agrippée derrière ma tête
mais je ne lui donne que peu de contrôle.
Soudain, elle se retourne brusquement vers moi et passe ses bras au-dessus de mes épaules. Nous
sommes si proches, notre souffle est rapide, notre excitation presque palpable… Je caresse du revers
des doigts sa joue, elle attrape mon visage de ses mains. Nos regards s’entremêlent, comme pour
finir de signer un accord silencieux… et puis je cueille ses lèvres. Ou est-ce elle? Qu’importe, puisque
nos langues virevoltent et dansent maintenant à l’unisson.
L’ivresse de nos baisers m’emporte : cela faisait si longtemps et mon invitée se révèle très douée. «
Non, le mot exact est maîtresse » me dis-je alors qu’elle m’arrache de légers gémissements à chacun
de ses assauts. Nous nous séparons quelques secondes, le temps nécessaire pour reprendre nos
souffles avant d’unir de nouveau nos bouches dans une valse presque guerrière. Elle allie divinement
bien la douceur et la tendresse de son corps avec la fougue de ses assauts. Elle presse, effleure ; elle
s’écrase, se retire… Nos mains ne sont pas en reste, œuvrant pour distribuer mille caresses et
raffermir notre étreinte chaque seconde. Je parcours le bas de son dos et ses hanches de l’une
pendant que l’autre est perdue dans ses cheveux, comme une tentative désespérée de garder le
contrôle ; elle encadre mon visage des siennes, se donnant accès à mon cou lorsqu’elle le désire, me
rendant encore un peu plus impuissant devant son expertise. Rien n’existe plus en dehors de son
corps : la symphonie de la ville est voilée derrière celle de notre ébat, le monde autour de sa
silhouette est flou et si inintéressant…
Je n’y tiens plus… je la veux ! Si ma bouche ne peut rivaliser avec la sienne, ce n’est pas ma seule
arme. Avide de ses formes, j’enfonce une main dans ses fesses rebondies pendant que l’autre se
fraye un chemin sous son haut jusqu’à sa poitrine généreuse. Je dégrafe presque maladroitement
son soutien-gorge et, l’accès désormais libéré, vient cueillir un de ses seins. Le geste la fait se
redresser et gémir bien plus intensément qu’avant… elle aussi n’en peut plus. Je malaxe des deux
mains sa féminité, je veux l’entendre succomber à son envie, la voir tremblante sous moi… C’est moi
désormais qui suit à l’offensive, j’attaque son cou, à la limite d’y laisser des suçons.
Mon sexe quant à lui s’étire, se gonfle, serré par mon pantalon et désireux d’en émerger au plus vite.
Elle choisit ce moment pour poser une de ses mains par-dessus la toile qui a pris la forme de ma
virilité, dessinant son contour du bout de ses doigts délicats. Ma partenaire cherche à me
déstabiliser, à reprendre la main sur notre doux combat. Je résiste en serrant les dents… ça lui ferait
trop plaisir! Mais elle ne compte pas s’arrêter là : alors que mes caresses se font plus pressantes,
malaxant son corps de déesse avec autant de fougue que de désir, elle plonge sa main dans mon
pantalon, se saisissant fermement de mon érection.
Le geste m’enlève tout contrôle sur mon corps. Paralysé, je suis à la merci de sa prochaine action, du
moindre mouvement de ses doigts, d’elle. La vérité éclate alors à mes yeux : je n’ai jamais fait le
poids, elle joue avec moi depuis le début, comme un félin le ferait avec sa proie avant d’y enfoncer
les crocs quand l’appétit deviendrait trop fort. Son sourire carnassier ne fait qu’accentuer ce
sentiment d’impuissance qui m’emplit alors que je m’abandonne complétement à son envoûtement,
laissant lentement mes bras retomber le long de mon corps, en transe. Ma maîtresse se rapproche et
vient cueillir un baiser sur mes lèvres entrouvertes, pour me signifier qu’elle a apprécié l’effort futile
peut être ? Sa main commence alors lentement à monter et descendre le long de ma verge, délicate
mais ferme, m’arrachant de profonds soupirs. Le bouton de mon pantalon s’ouvre entre ses doigts,
lui laissant un accès plus direct à mon sexe ravagé par le plaisir. La tension des dernières minutes a
explosé et un calme presque troublant s’instaure, sur lequel elle a autant la main que sur moi.
Les doigts qui ne sont pas occupés à me tenir en laisse se posent sur ma poitrine et, d’une légère
impulsion, me poussent à quitter le balcon. Nous retournons donc dans le salon, ou elle me guide
habilement jusqu’à ce que mes jambes heurtent le canapé. J’arque un sourcil, interrogateur, tandis
que les soupirs continuent de m’échapper : elle n’a pas cessé de me masturber même pendant le
court trajet. Sa paupière se clôt alors en un clin d’œil avant qu’elle ne me pousse en arrière. J’atterris
sur le siège lourdement alors que mon invitée, elle, s’agenouille devant moi. Son regard est plein de
luxure et la domination qu’elle exerce sur moi peine à cacher l’envie qui doit inonder son entrejambe
à cet instant. Elle laisse son blouson glisser au sol et se débarrasse de son soutien-gorge, sans
pour autant quitter son haut : ses tétons rendus durs par mes caresses pointent au travers de son
tank top, frottant directement contre le tissu.
Ma maîtresse se saisit de nouveau de mon membre tendu pour elle. Elle joue d’abord avec lui du
bout des doigts, passant d’abord le long du manche, puis sur le gland… Un d’entre eux se glisse sous
le prépuce et finit de le décalotter, et je gémis de plus belle. Elle laisse échapper un petit rire alors
qu’elle joue avec le liquide qui suinte sur le bout, résultat de ses caresses minutieuses. Son regard
croise le mien, s’y plonge ; ses lèvres s’entrouvrent, sa langue sort. Taquine, elle se contente d’abord
de touchers rapides pour faire monter la frustration, visant les points faibles qu’elle n’a pas manqué
de repérer de ses mains.
Pendant qu’elle me torture si délicieusement, une de ses mains glisse le long de son buste, jusque
dans son pantalon. Elle s’y attarde un moment, et je devine aux longs soupirs que mon invitée laisse
échapper que si sa langue câline est occupée avec moi, ses doigts eux font des miracles dans son
entre-jambes. Jetant un coup d’œil vers mon visage, elle me surprend en train de la mater. Ma
respiration se coupe… peut être va-t-elle me punir pour mon audace ? Je me retiens de gémir de
nouveau, la perspective d’un châtiment ne fait qu’attiser le feu qui brûle mon bas-ventre depuis le
début. Pourtant, elle se contente de me faire un clin d’œil et, arrêtant un instant de lécher ma verge,
fais sortir sa main de sa culotte. J’aperçois le liquide gras et épais qui trempe ses doigts, et je ne peux
m’empêcher de tressaillir, ce qui ne manque pas de la faire glousser. Avec un grand sourire, elle les
approche de mon visage, juste assez pour que j’en sente le parfum. Mes narines s’emplissent de
l’odeur presque animale, un coup de hanche m’échappe par réflexe, ma bouche s’ouvre, ma
respiration se fait lourde… Ma maîtresse est ravie de la réaction que son nectar provoque chez moi
et, comme pour me remercier, finit d’approcher ses doigts de ma bouche pour les y enfoncer.
« Régale-toi, pet »
Un puissant gémissement m’échappe alors qu’elle prononce ses mots et que je suce vigoureusement
ses doigts. La soumission qu’elle me fait subir me foudroie et je ne désire rien d’autre que d’exécuter
ses moindres injonctions, pour son plus grand plaisir… et le mien! Sa bouche se rapproche alors
dangereusement de mon gland, son regard est plongé dans le mien. Elle entrouvre les lèvres,
s’approche encore, elle…
Son emprise dominatrice se relâche en même temps que sa main sur mon sexe. Elle se relève et
recule sur la pointe des pieds, les mains derrière elle, enfantine, et elle glousse devant ma tête
frappée par l’étonnement.
« Je vais pas tout faire quand même, ce serait trop simple ! »
Je reprends mes esprits avec peine et réalise ce qu’elle vient de dire. Quelle diablesse… elle pense
pouvoir jouer ainsi avec moi, continuer à me torturer encore et encore sans que je ne puisse rien lui
rendre en retour, sage petit toutou que je suis…
Un profond grognement s’échappe de ma gorge, des flammes nouvelles emplissent mes yeux alors
que l’attitude soumisse qu’elle avait si bien instauré en moi se brise en éclats. Je vais lui apprendre à
me sous-estimer ! D’un bond, je suis déjà sur mes pieds, mon corps au contact du sien et, avant
qu’elle ne puisse reprendre sa délicieuse manipulation, je lui chuchote à l’oreille :
« Accroche tes mains à mon cou. Vite. »
Surprise et curiosité luttent en elle et animent les traits de son joli visage. Elle finit par s’exécuter
rapidement alors que ses sourcils s’arquent dans l’attente de mes prochains gestes. Une fois ses
mains déposées à l’arrière de ma tête, je me baisse légèrement et me saisis de ses cuisses avant de
me redresser vivement. Son cri aigu se mêle à mon grognement d’effort : elle est désormais une tête
au-dessus de moi alors qu’elle referme ses jambes autour de mon bassin. Je ricane devant sa tête
désemparée : c’est donc cela qu’elle ressent… pas étonnant qu’elle y prenne goût.
Mû par une force nouvelle, je l’emmène plus à l’intérieur de l’appartement, plus loin dans mon
antre… Chasseuse maintenant chassée, elle soupire et se tord d’envie en réalisant ce que je suis en
train de faire. Ses jambes sont enroulées fermement autour de ma taille, sa tête posée sur mon
épaule, ses seins durs contre mon buste. Ma bite frotte contre sa chatte à travers le pantalon, ce qui
ne manque pas de nous exciter tous les deux…