Protocole X – Chapitre 02
Je sens sa présence plus que je ne l’entends, les bruits restent feutrés, étouffés. J’ouvre les yeux, désorienté.
Les stores vénitiens laissent passer une lueur blafarde, vespérale, une petite lampe est allumée derrière la fille.
C’est la même que…
… quand j’ai sombré.
J’essaye de me redresser, mais mon cou me fait mal, mes côtes aussi, mon bras droit. J’ai l’impression d’être compressé par un mur invisible, je préfère ne plus bouger, et suivre sa lente danse autour de moi.
Elle est gracieuse, me sourit, me parle en silence, je vois ses lèvres bouger mais n’entends décidément rien, un bourdonnement sifflant empêche les sons extérieurs de me parvenir.
Elle s’approche, se mordille la lèvre, ses yeux pâles brillent de malice innocente.
Elle m’embrasse la joue, puis les lèvres, longuement, j’essaye de bouger, de parler, mais les vives douleurs se répandent dans mon corps, me tiennent à l’écart de mes réactions, m’empêchent de communiquer.
Elle se redresse, inquiète, m’apaise d’un regard, puis baisse les draps du lit jusqu’à mes genoux.
Il fait frais, je fixe le plafond en me demandant ce qui m’arrive, ce que je fais ici, qui est cette fille et d’où viennent les douleurs.
Son visage apparaît dans mon champ de vision, elle est pure, veut me donner confiance, ses traits métissés sont lumineux, honnêtes, je sais que je ne risque rien avec elle.
Elle se penche sur moi, et me redresse sur les coussins, c’est douloureux mais maintenant je peux voir la pièce, et l’homme au calepin qui prend des notes, près de la porte. Elle me sourit encore et entrouvre sa blouse vert d’eau, en ôtant un bouton, puis un autre, et encore un autre. Elle écarte son soutien-gorge et me fait admirer ses petits seins rondelets, avant de les approcher de mon visage.
De les coller contre ma bouche.
Je goûte les tétons drus, les mamelons épais, une érection point, par-delà la douleur dans mes reins, dans mes jambes.
Sa main glisse sur moi et s’arrête sur mon sexe, qu’elle étreint, tout en continuant d’offrir sa poitrine à ma langue gloutonne.
Les acouphènes disparaissent presque, j’ai la tête qui tourne, mais les caresses prodiguées font refluer la douleur. Elle se redresse, ses petits seins fermes me fixent, arrogants, gonflés, légèrement luisants de salive.
Ma salive.
Elle sourit, passe ses mains sous le bas de sa blouse, se baisse, et ôte sa culotte. Je ne peux pas détacher mon regard de ses yeux délavés et rieurs. Elle porte la culotte à son visage, la hume ostensiblement, puis me la tend, juste sous le nez. Je hume la dentelle blanche, respire sa féminité épicée, sans quitter des yeux ma déesse à demi-nue.
Elle me sourit encore, l’air mutin, enveloppe mon sexe érigé dans sa petite culotte, et me masturbe énergiquement dans les plis du tissu doux.
Mes douleurs refluent encore, je m’abandonne au plaisir, j’observe la jeune femme aux seins nus qui me dispense ces caresses, je ne la connais pas mais, à ce moment précis, je n’ai d’autre envie que de la prendre dans mes bras, l’enlacer, l’embrasser et la chérir.
Elle semble le lire sur mon visage, elle se penche sur moi et m’embrasse les joues et les lèvres, sans ralentir le rythme sur mon sexe, la jouissance arrive, une nouvelle fois, le sperme jaillit en saccades dans la dentelle fine qui couvre ma virilité, et mon ange aux yeux bleu-vert me branle encore longuement après les dernières secousses de plaisir.
Elle se redresse enfin, après un dernier baiser, me chuchote des paroles dont je n’entends que le souffle contre mon visage, me sourit une dernière fois, reboutonne sa petite robe et se tourne vers l’homme au calepin, qui fait un signe de tête positif, l’air songeur.
Elle me fait un clin d’oeil enjoué, manipule quelque chose sur le côté du lit, et le sommeil me prend à nouveau, libérateur, après une dernière pensée.
Mais qui sont donc ces gens ?